Au moment de remettre le résultat d'un travail long de sept années, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue autant que nostalgique pour les maîtres qui m'ont formé et qui ne sont plus de ce monde. Je pense d'abord à Marcel Vigreux,...
moreAu moment de remettre le résultat d'un travail long de sept années, je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue autant que nostalgique pour les maîtres qui m'ont formé et qui ne sont plus de ce monde. Je pense d'abord à Marcel Vigreux, qui m'a accueilli lors de mon entrée à l'Université de Dijon et qui entreprit la lourde tâche d'inculquer la rigueur scientifique au « bachelier de 68 » que j'étais… Ma seconde pensée va à François Caron, qui fut mon maître en Licence et Maîtrise, un modèle à mes yeux de curiosité intellectuelle et de respect des idées des autres. En même temps qu'il me transmettait le goût de la recherche, il me faisait comprendre que là était peut-être ma vocation. Bien des années après, lorsque j'ai finalement entrepris ce travail, j'ai eu l'impression de lui apporter tardivement une réponse. Entre-temps, j'avais fait la rencontre de Pierre Lévêque, comme professeur lorsque je préparais les concours, mais surtout comme citoyen engagé. Au long des décennies, nous avons gardé le contact de loin en loin, dans nos activités professionnelles et sociales, et j'avais eu le plaisir d'échanger avec lui lorsque je commençais mes recherches. Mais je n'aurais jamais entrepris ce projet au long cours, à l'âge où on pense généralement à des activités moins prenantes, sans l'amitié exigeante de Jean Vigreux. C'est lui qui a su m'en donner l'ambition, et surtout me persuader que j'étais capable d'aller jusqu'à son terme. Tout au long du chemin, il s'est montré constamment disponible à mes demandes d'information ou de conseils méthodologiques, tout en me guidant dans l'entrelacs des sources archivistiques et documentaires. Qu'il en soit ici vivement remercié. Je goûte beaucoup la plaisante ironie d'achever en compagnie du fils le chemin jadis emprunté avec le père… C'est également le moment de remercier les personnes qui, à un moment ou un autre, m'ont aidé dans mes recherches. J'ai d'abord pu bénéficier de l'attention des personnels des Archives départementales de la Côte-d'Or, où j'ai passé tant de journées. Le même accueil courtois m'a été réservé aux Archives municipales de Beaune. Thomas Thévenin, professeur de Géographie à l'Université de Bourgogne-Franche-Comté, a bien voulu me recevoir pour évoquer l'histoire du réseau de chemin de fer dans la région et m'a fourni de précieuses données historiques et géographiques. Il en a été de même avec Florian Humbert, de l'Institut Universitaire de la Vigne et du Vin. Il m'a fait bénéficier de son expertise dans le domaine des Systèmes d'Information Géographique appliqués à l'histoire, et m'a généreusement offert les données dont il disposait. Un travail au long cours comme celui-ci, à l'échelle d'un individu, emplit ses journées, occupe son esprit… au point qu'il est tenté trop fréquemment d'en partager les joies et les peines avec son entourage. C'est dire que je n'aurais pu le mener à bien sans les constants encouragements de ma compagne, Anne. Mieux que personne, elle avait compris l'importance qu'il revêtait à mes yeux. J'ai profité également du regard bienveillant et amusé de mes enfants, Stéphane et Florent. Que tous soient ici vivement remerciés. À l'heure où je termine ces lignes, ma petite-fille, Zélie, vient de faire son entrée. Je peux désormais, l'esprit dégagé, me tourner vers d'autres plaisirs. « NOLAY, 10 août. La vigne est très belle dans les forts terrains, la feuille est très verte, et la grume plus égale qu'en 1858. Dans les terrains légers, la Vigne souffre notamment depuis quatre à cinq jours ; la grappe, énervée par la chaleur, pend entraînée par le poids du grain. Malgré cet état de souffrance, la grume bleuit, et la pluie peut encore tout réparer si elle tombe ces jours-ci, comme le temps nous le fait espérer (…) Nous ajouterons à ces renseignements qu'à Nolay et dans les environs la récolte de 1858 a donnné en vin de gamay environ 54 hect. à l'hectare, c'est-à-dire la pièce de 228 litres par ouvrée de 4 ares 28 centiares, et en bon vin 27 hectolitres à l 'hectare. La récolte de 1857 avait été la moitié de la précédente ; cette dernière est considérée comme pouvant servir de moyenne » C. Ladrey, La Bourgogne revue oenologique et viticole, Dijon Antoine Maitre Libraire Eidteur, 1859, p. 507. « Monsieur le Sous-Préfet, […] L'invasion du phylloxéra dans le territoire de Cirey-les-Nolay remonte à environ 10 ans. Depuis 1878 en effet, un propriétaire remarquait un dépérissement de végétation que l'on attribua d'abord au défaut d'une bonne culture. Mais en 1882, la tache gagnant les vignes voisines, il fallut bien se rendre à l'évidence et reconnaitre la véritable cause du mal : le phylloxéra. Toutefois la nature du sol argilo-calcaire et le climat froid de notre région firent que pendant ces 5 dernières années, la marche du fléau fut fort lente. Mais l'année 1887 a été tellement favorable au développement du mal, que dès aujourd'hui on pense prévoir, par les nombreuses taches qui existent un peu partout, qu'une bonne partie de nos vignobles sont sérieusement menacés. [...] Le maire de Cirey-les-Nolay, lettre au sous-préfet de l'arrondissement de Beaune, octobre 1887 Le monde de la vigne dans la région de Nolay de la fin du XVIIIème à la veille de la Grande guerre Table des matières Table des matières (pages I-IV) Introduction (pages 1-26) Première partie : La région de Nolay à la fin du XVIIIème siècle Chapitre I : Peuplement et dynamiques démographiques (pages 27-41) A -La viticulture : une culture « peuplante » ……………………………………………... 27 B -Une démographie d'Ancien régime …………………………………………………... 28 C -Vers la transition démographique ? …………………………………………………… 35 D -La population active …………………………………………………………………... Chapitre II : Vigne et viticulture en 1789 (pages 42-76) A -La vigne et son emprise spatiale à la fin de l'Ancien Régime …………………………… 42 B -La viticulture bourguignonne : une activité immuable ? ……………………………... 59 C -Les aléas de la production et des prix ………………………………………………… 71 Chapitre III : Une région en voie de spécialisation (pages 77-105) A -Des progrès dans la vinification et la conservation des vins ………………………….. B -Une révolution des transports au XVIIIe siècle ? ………………………………………81 C -Naissance et essor du négoce des vins de Bourgogne ………………………………… 90 D -L'émergence des crus en Côte de Beaune …………………………………………… 104 Chapitre IV : Propriété foncière et modes d'exploitation à la veille de la Révolution (pages 106-140