Departement of philosophy

De ces deux ecrivains, Jules Verne et Paul d'lvoi, le premier est bien connu, au moins de reputation, alors que le second est maintenant presque tombe dans l'oubli. Aussi s'attachera-t-on ici a donner plus de details sur le second que sur le premier, afin de compenser cette disparite de notoriete, d'ailleurs relativement recente. Car au debut du siecle, Paul d'Ivoi (1856-1915) fut un auteur de romans populaires a succes, régulierement reedites jusque dans les annees cinquante. Si le titre de son cycle principal, les Voyages excentriques , fait clairement reference aux lbyages extraordinaires de Jules Verne, il n'en est pas pour autant un simple imitateur. Les dates le montrent, un peu plus d`un quart de siecle separe les deux hommes, que l'on s'interesse E1 leur naissance ou a celle de leur cycle romanesque. Le decalage qui existe pour leur mort est certes moindre; pour leur derniere publication, il est meme inverse, un inedit de Verne venant de paraitre en 1994, alors que la mort a mis un terme a la productivite de Paul d'lvoi. Les deux romanciers n'en sont pas moins de deux generations differentes, et cette difference de generation se manifeste dans leurs oeuvres, que ce soit dans le regard porte sur la science ou dans les decouvertes scientifiques et techniques qui interviennent dans leurs fictions. Quelques exemples permettront de

De nombreux auteurs considèrent le relativisme comme une menace. En étudiant l'une de leurs cibles récentes, le philosophe des sciences Paul Feyerabend, dont l'attitude par rapport au relativisme est d'ailleurs ambiguë, on s'efforcera de préciser ce que recouvre ce mot: "relativisme".

D'un certain point de vue, cet article pourrait constituer un chapitre supplémentaire du livre de Bouveresse, Prodiges et vertiges de l'analogie, dont l'objet, comme son nom l'indique, est de fustiger « l'usage inconsidéré et incontrôlé de l'analogie » 1 ; je me propose en effet de mettre ici en évidence l'usage incontrôlé d'une analogie particulière. Il n'est pas sûr cependant que Bouveresse apprécie ce qui suit, car l'analogie que je développerai afin d'en montrer la vacuité se trouve sous la plume de Sokal et Bricmont, auteurs dont il chante les louanges. Ces deux physiciens écrivent en effet : « Cet accord [entre calcul et résultats expérimentaux], et bien d'autres moins spectaculaires mais similaires, seraient des miracles si la science ne disait rien de vraiou au moins d'approximativement vrai -sur le monde. L'ensemble des confirmations expérimentales des théories scientifiques les mieux établies témoigne du fait que nous avons acquis une connaissance objective, bien qu'approximative et partielle, de la nature » 2 . Sans doute Sokal et Bricmont ne prétendent-ils pas être de grands penseurs, et

Si Klein théorise en 1986 le concept de « subjectivité collective » dans Trames et moirés, il n'est pas le premier à l'introduire : l'expression se trouve dès 1983 dans deux textes de Félix Guattari, « La guerre, la crise ou la vie » i : « Aussi la guerre simulacre qu'elles [les grandes puissances] ne cessent de relancer sur le marché des mass media paraît-elle surtout avoir pour * L'éditeur ayant rajouté une ou deux fautes de syntaxe, je donne ici mon texte tel que je l'ai rédigé.

On s'est pose a Peyresq la question du lien possible entre le concept de <<subjectivite collective» (S.C.) introduit par Gerard Klein dans Trames 5 Moirés et celui de << paradigme » (au sens global, << sociologique »1 du terme), central dans Lu Structure des révolutions scientiques de Thomas S. Kuhn. Comme le montre le compte-rendu de la session, on a eu raison de le faire, le rapprochement entre les deux concepts étant en effet pertinent. Mais il est regrettable que l'on ne se soit pas egalement interesse au rapport entre << subjectivite collective » et << collectif de pensee >>. Ijexplication en est aisee : la notoriete en France de Ludwik Fleck,2 qui a developpe la notion de << collectif de pensee >>, est encore mince, et elle est toute recente, puisqu'il a fallu attendre 2005 pour que soit traduit chez nous son texte majeur, Genése et développement cl 'un fui t scien tMque3 (alors qu'une traduction francaise etait annoncée comme << en preparation » des 1986 par Tomas Schnelle"). ll est pourtant permis de penser que Fleck est bien plus intéressant que Kuhn, qui cl'ailleurs l'a lu et le mentionne clans l'introduction de Lu Structure des révolutions scientwques (c'est cette reference qui a attire l'attention sur Fleck 1. Ainsi le qualifie Kuhn dans la postface de 1969 de La Structure des revolutions scientwques (Flammarion, coll. Champs, 1983, p.238, trad. Laure Meyer). 2. Ludwik Fleck (Lwéw en 1896 -Ness-Ziona, 1961) est un medecin et biologiste polonais. 3. L. Fleck, Genése et développement d'unf11it scientique, Les Belles Lettres, trad. Nathalie ]as, 2005. ll sera fait reference 21 cet ouvrage par le sigle GDSE 4. Dans Vintrocluction de l'ouvrage Cognition and Pact, edite par R. S. Cohen et T. Schnelle, Reidel, 1986, qui reprend, en anglais, toutes les publications de Fleck clans le domaine de la philosophie des sciences. Il sera fait reference a cet ouvrage par le sigle CF dans les PHYS a11glo~saxons et y a permis la découverte de son oeuvre lors du dernier quart du vingtieme siecle ; cette référence, et le fait que l'on puisse dire que les premiers travaux des sociologues de la connaissance scientifique sont Vhérituge de Fleck, <<uoec une certaine ironie tragique»5 pap ce qu'ils ont de fait été menés dans l'ignorance totale de son oeuvre). Le propos de cet article est donc autant de comparer << subjeetivifé Cgllective » et << collectif de pensée » que de contribuer a la connaissance de Fleck. Il convient avant tout de rajouter au concept de <<collectif de pensée» un autre concept qui en est indissociable, et qui, n'eut été l'absence dans son nom' du terme <<collectif>> aurait pu tout autant, voire plus, figurer dans ll? f1ff€,celui de << style de pensée>>_ De meme, chez Klein le concept de subjectivité collective est-il indissociable de celui de groupe social ' il aurait donc fallu pour bien faire un titre tres long, qui rassemble les qua_ tre concepts. Quoiqu'il en soit, le lien étroit entre << collectif de pensée» et << style de pensée » est manifeste des la premiere definition que donne Fleck dans GDFS d'un collectif de pensée : Si nous définissons un collectif de pensée comme la communauté des personnes qui échangent des idées ou qui interagissent intellectuelle-;nent, alors nous tenons en lui le vecteur du développement historique ' d~f , , , , un omaine de pensee, d un etat du savoir determine et d'un état de la culture, c'est-a-dire d'un style de pensée particulier.°"

Le titre de cet article est obtenu par la concaténation de deux expressions anglophones : je n'ai pas besoin de définir l'une d'entre elles, hard science (fiction), d'autres articles de ce recueil s'en occupant ; je me pencherai en revanche sur ce que recouvre la seconde, science wars, traditionnellement traduite en français, avec un déplacement du pluriel, par « la guerre des sciences », et j'essaierai de l'étudier par le biais de ses rapports avec la (hard) science-fiction.

L'apprentissage et la comprehension d'une langue étrangere presentent deja des problemes lorsqu'il s'agit d'une langue terrestre, parlée par d'autres étres humains ; ils seraient bien plus difficiles encore avec les langues d'éventuelles civilisations extraterrestres, dont nous ne partagerions vraisemblablement ni les coutumes ni les moeurs. Wittgenstein a sur la question un avis tres pessimiste : <<Quand bien meme un lion saumit parler, nous ne pourrions le comprendre»1a. Les lions, bien sun ne sont pas des extraterrestres. On peut les estimer beaucoup plus proches de nous que ne le seraient ceux-ci : phylogénétiquement, nous sommes voisins et leurs besoins de base, se nourrir, se reproduire, ne sont pas différents des notres. Nous n'avons certes pas la méme forme de vie, mais la leur semble fondamentalement plus simple, en ce qu'elle se limite a un nombre d'activités bien plus petit. De plus, aucune de ces activites ne nous apparait incomprehensible. Au regard meme du rapport que fait Wittgenstein entre langue et forme de vie (<< Uexpression "jeu de lungage " doit ici faire ressortir que parler un langzzgefait partie dime activité, ou d'unef0rme de vie »"' ; << Et se représenter im languge vent dire se représenter uneforme de vie >>]"), son pessimisme quant a la possibilité de converser avec des lions intelligents parait fort exagéré. Mais des extraterrestres n'auraient-ils pas des formes de vie plus étrangeres a la notre que celle des lions ? Pourrions-nous dans ce cas échanger des idées avec eux, parler avec eux ?

C'est reculer que d'être stationnaire (Charles d'Avray, 1912) Une certaine lecture de Bachelard peut faire de lui un épistémologue dogmatique, et a inspiré une philosophie de la science particulièrement dogmatique. Cette lecture ne lui est pas totalement infidèle, c'est-à-dire qu'elle s'appuie sur des éléments qui sont effectivement présents dans son oeuvre. Mais elle est beaucoup trop simplificatrice, et ne rend pas justice à la richesse de sa pensée, bien plus critique que dogmatique. Je me propose d'exposer ici à la fois la lecture dogmatique de Bachelard et sa lecture critique.

1En 2006, j&#x27;ai été sollicité pour rédiger une dizaine d&#x27;entrées pour un Dictionnaire encyclopédique des littératures de l&#x27;imaginaire, dont la parution était annoncée comme imminente (elle l&#x27;est toujours en juin 2010). Le nombre de signes était limité, dans le meilleur des cas à six mille, et ...

Il convient de l&#39;indiquer de prime abord, pour eviter a un eventuel lecteur averti de perdre son temps : a qui connait directement la sociologie contemporaine de la connaissance scientifique, au-dela des mauvaises caricatures qui en sont souvent presentees, ce texte paraitra depourvu d&#39;originalite et n&#39;apprendra rien. Un tel lecteur averti est cependant assez rare, hors du domaine des specialistes de cette discipline : ainsi Jacques Bouveresse consacre-t-il tout un livre, certes petit, a l&#39;affaire Sokal1 en ne voyant dans cette derniere qu&#39;une mise en cause (legitime) de l&#39;usage incontrole des analogies scientifiques, en ignorant tout donc du programme fort de sociologie des sciences que Sokal et Bricmont designent pourtant explicitement comme l&#39;une de leurs cibles dans l&#39;Intermezzo theorique de leurs Impostures intellectuelles2 ; ainsi Bourdieu execute-t-il ce meme programme fort en une phrase lapidaire :