Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. CHAPITRE PREMIER VUE D'ENSEMBLE L ES QUATRE ÉTUDES dont ce livre se compose sont unies entre elles par des liens plus forts que les ressemblances et les...
moreTous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays. CHAPITRE PREMIER VUE D'ENSEMBLE L ES QUATRE ÉTUDES dont ce livre se compose sont unies entre elles par des liens plus forts que les ressemblances et les affinités de leurs sujets. Sans doute, elles ne se suivent pas dans un ordre ininterrompu. Sans doute encore, elles portent des titres séparés qui en dénotent moins la solidarité qu'une trompeuse indépendance. Il n'en est pas moins certain qu'elles comportent une unité profonde qui tient moins à la manière dont elles ont été invariablement conduites qu'à la convergence des conclusions par lesquelles, les unes après les autres, elles aboutissent, sur l'empire romain, à des perspectives dont le tracé inattendu ne laissera pas de surprendre les uns, et, peut-être, d'irriter les autres. En chacune d'elles, j'ai poursuivi ma tâche, comme un chercheur isolé, en remontant les courants qui entraînent aussi bien les spécialistes que le grand public. La première contredit à l'opinion, généralement accréditée, que César, amoureux fou de Cléopâtre, qui lui aurait donné un fils, Césarion, n'aurait rien su refuser à sa jeune amante, aurait humilié devant elle la majesté des faisceaux romains. Un seul, parmi mes devanciers, mon maître Bouché-Leclercq, a senti ce que cette légende, simple projection, rétrospective et mensongère, sur la haute figure de César, des traits dont Marc-Antoine a barbouillé le visage de Rome, contenait en soi d'invraisemblance ; mais il n'a pas osé s'en libérer entièrement et il s'est borné à l'élaguer de ses éléments les plus 6 PASSION ET POLITIQUE CHEZ LES CÉSARS incroyables. Si, pour l'interprétation que j'ai développéeet qui se heurtera toujours, je le crains, aux contraintes de sentimentalités qui reparaissent à toutes les époques comme à l'attrait du scandale qui, lui aussi, est de tous les temps -, je cherche autour de moi une caution qui me rassure, je n'arrive à la découvrir que chez un écrivain d'imagination, un dramaturge, il est vrai génial, Bernard Shaw, dont les intuitions sont allées plus avant que le travail le plus consciencieux des érudits professionnels. La seconde jette sur le mariage d'Octave avec Livie un jour si cru qu'il en devient déconcertant. La troisième substitue chez Julie, fille d'Auguste, une frénésie de domination aux emportements de sa prétendue libido. Enfin la quatrième étude, la plus importante à mes yeux, bouleverse la conception qui, jusqu'ici, dominait le siècle des Antonins. Bien loin que ceuxrci aient transformé l'empire romain en la meilleure des républiques, en remettant, de souverain en souverain, le pouvoir absolu qu'ils détenaient à l'homme le plus digne de l'exercer à son tour, ils ont, à partir de Trajan, jalousement veillé à le maintenir dans leur descendance ; et, même avec Hadrien, ils ont mieux aimé le conférer par des assassinats à leurs bâtards que l'abandonner paisiblement à de légitimes collatéraux. Assurément, cette dernière thèse, sous la première forme que je lui ai donnée, n'a pas rallié tous les suffrages ; mais on a reconnu le bien-fondé de nombre des arguments par lesquels j'ai essayé de l'établir sur les textes et sur les faits l . Ma chance a voulu depuis que je fusse à même de l'affermir encore davantage, et je souhaite que les raisons supplémentaires que m'ont fournies un passage d'Hérodien, qui m'avait