Les cahiers de la Réserve naturelle | N°1 de l'ONCFS pour étudier leur occupation du territoire grâce à des captures, des marquages et des suivis télémétriques. Le Chamois nouveau venu sur la chaîne (après la dernière guerre selon Robert Hainard et le Dr. Burnier : Creux de Branvaux 1946) ; son régime alimentaire a fait l'objet d'investigations poussées par une équipe de l'Université de Savoie dont Anne Loison. Cette étude a été aussi l'opportunité d'étudier les éventuels évolutions de plantes mythiques de notre Haute Chaîne, qui à elles seules justifieraient le classement en Réserve naturelle. Ce sont entre autres, le chardon bleu, la grassette de Reuter, l'orobanche du séséli et tout un cortège de plantes qualifiées d'arctico-alpines en raison de leur double et originale répartition, des sommets alpins aux toundras arctiques. Irène Till, Jean Christophe Clément du LECA (Laboratoire d'Ecologie Alpine), Véronique Bonnet du CBNA (Conservatoire Botanique National Alpin), et Patrice Prunier et Fanny Greulich (HEPIA) se sont attaqués avec brio à ce problème. L'équipe qui a réalisé cette étude n'a pas hésité à utiliser des techniques modernes d'investigation, analyses génétiques, radio télémétrie. Un drone a permis d'obtenir de belles images du tapis végétal et des anciennes traces d'occupation humaine. Nos chercheurs se sont même entourés de la collaboration d'auxiliaires minuscules, les mouches Syrphides, dont la présence ou l'absence permet de juger de l'état de conservation d'un milieu. Bref, ce travail a nécessité, comme nous pouvons le constater, une collaboration exemplaire entre chercheurs et diverses institutions et ce n'est pas le moindre de ses mérites. Mais, pour réaliser cet ambitieux programme, il a fallu trouver des financements et ce ne fut pas le moindre de nos soucis. Je voudrais remercier Jean-Paul Roux qui n'a pas ménagé sa peine et grâce auquel nous avons pu obtenir un soutien financier majeur du Conseil départemental et de la Communauté de communes du Pays de Gex. Cette étude devint si familière (mais non routinière) qu'on ne la désigna bientôt plus que par son acronyme ERCN (Etude Reculet Crêt de la Neige). Le colloque qui a dépassé le cadre local pour évoquer des problématiques identiques en Suisse, en Italie ou en Autriche, est une première manière de « rendre » ce qui nous a été prêté. Mais, outre cette manifestation ambitieuse à destination d'un public averti, une exposition accompagnée d'ateliers de démonstration, et des conférences ont été organisées à Gex, puis à Thoiry. Les actes du colloque, ainsi publiés, constituent le n°1 des Cahiers de la Réserve Naturelle, projet de publication déjà ancien, mais que nous n'avions pu réaliser jusqu'à présent. Pour en terminer, il convient de remercier tous ceux, et ils sont nombreux, qui se sont mobilisés durant ces 5 ans et jusqu'à aujourd'hui. Les citer tous serait fastidieux et je craindrais d'en oublier trop. Mais je ferai une mention spéciale d'une part à l'équipe d'HEPIA : Jane, Fanny, Joanne, Patrice, Claude, Daniel et tous les autres qui ont très largement oeuvré pour cette étude et ce colloque et d'autre part à l'équipe (actuelle et passée) de la Réserve Naturelle et de la CCPG. Ils ont été sur le terrain aux côté des chercheurs et ils se sont dépensés sans compter pour mener à bien la préparation de cette manifestation. Ce colloque fut une réussite et les présents actes en témoignent. Jacques Bordon Président du Conseil scientifique de 2010 à juin 2016 Le contexte régional Le jura gessien ne comporte pas de station météorologique sommitale 1. Néanmoins la Dôle, toute proche, comporte une station météorologique de référence pour les crêtes jurassiennes. L'analyse de l'évolution des températures moyennes annuelles récentes à partir des données de MétéoSuisse (Gonzalez, 2013) montre que la température moyenne annuelle a augmenté de 1,3°C depuis 1970. Un seuil de rupture significatif est identifié en 1988. A titre comparatif, le suivi effectué à l'échelle alpine à partir des données de MétéoFrance (Données histalp MétéoFrance-http://
www.mdp73.fr), nous enseigne que la température moyenne annuelle des Alpes du Nord a augmenté de 2,05°C depuis 1900. La zone d'inflexion se situe également à la fin des années 1980. Le climat des Alpes du Nord et des crêtes jurassiennes se réchauffe donc plus fortement qu'à l'échelle mondiale. Ainsi, au milieu des années 2000, conscient de l'ampleur Introduction La faune sauvage Depuis une dizaine d'années, les sangliers réalisent de nombreux boutis dans les alpages : quels sont les principaux groupements végétaux affectés ? Quel est le territoire des compagnies ? Comment utilisent-elles les prairies d'altitude ? Les réserves de chasse jouent-elles un rôle dans leur présence ? Le pastoralisme Le pastoralisme semble être le principal facteur d'évolution des communautés végétales, mais quelle est « l'image » actuelle du pastoralisme en Haute Chaîne ? Que nous enseignent les archives et les anciens bergers sur les pratiques passées ? Quelle a été la nature de cette évolution ? Est-il possible de caractériser précisément le comportement du bétail sur les alpages ? L'ensemble des questions à traiter est vaste et nécessite des compétences spécialisées et variées. Aussi, une institution seule ne peut relever le défi. C'est donc un consortium de structures qui se constitue progressivement. Coordonné par hepia, il comprend le Laboratoire d'Ecologie Alpine (LECA) du CNRS (regroupant des chercheurs des universités de Grenoble et Chambéry), le laboratoire chrono-environnement de l'université de Besançon, la chambre d'Agriculture de l'Ain, le Conservatoire Botanique National Alpin, le bureau d'étude Montanum de Ste-Croix et un historien local. Au cours du projet, s'associeront ultérieurement le laboratoire dendrochronologique de Moudon et l'université de Lausanne. Présenté au conseil départemental de l'Ain et à la Communauté de communes du Pays de Gex, le projet est discuté par rapport à son ampleur et à sa finalité. Il est accepté, puis finalisé en mars 2010. Il sera co-financé par la Communauté de communes du Pays de Gex, le département de l'Ain, hepia et le Laboratoire d'Ecologie Alpine, et réunira une cinquantaine de personnes des 8 structures de recherche et de gestion précédemment citées. Il débute officiellement au printemps 2010. Conclusion Ainsi, en 1972 Claude Béguin était-il loin de se douter qu'il créerait 40 ans plus tard les conditions d'émergence d'un projet interdisciplinaire dont la genèse s'est élaboré progressivement en près de 5 ans et le déroulement s'est réalisé sur un laps de temps similaire de 6 ans. Les articles présentés dans cet ouvrage en concentrent de manière synthétique les apports. Structurés scientifiquement, ils ont été allégé dans leurs contenus et formulations au regard des publications scientifiques classiques de manière à toucher un plus large public.