Conference Presentations by Salifou NDAM

41 Annual South African Transport Conference (SATC), 2023
Cet article examine l'impact du genre sur les décisions de mobilité à vélo dans un contexte rural... more Cet article examine l'impact du genre sur les décisions de mobilité à vélo dans un contexte rural, à partir d’une étude de cas menée dans le district de Bugesera au Rwanda. Le projet vise à combler le manque de données sur la mobilité cycliste rurale, souvent ignorée au profit des zones urbaines. Il mobilise des outils innovants, comme des traceurs GPS, ainsi que des discussions de groupes (FGDs) pour analyser les déterminants sociaux, économiques, culturels et techniques de la mobilité.
L’étude a porté sur 50 cyclistes (24 % de femmes), répartis entre les secteurs de Nyamata (plus urbanisé) et Mayange (plus rural). Les données collectées via les GPS incluent la vitesse, la distance, la durée et l’altitude des trajets. Les informations ont été complétées par des enquêtes sur les activités quotidiennes, les revenus et la perception sociale du vélo. En tout, 2 050 trajets ont été enregistrés.
Les résultats montrent une faible disparité de genre en termes de performance physique : vitesse, distance et durée de trajet sont similaires pour les hommes et les femmes. Le genre ne semble donc pas influencer directement les performances cyclistes. En revanche, les activités quotidiennes sont très genrées : les femmes utilisent le vélo principalement pour des tâches domestiques, l’agriculture, les courses et le transport d’enfants, tandis que les hommes le mobilisent davantage pour le transport rémunéré (vélo-taxi).
Sur le plan socio-économique, les femmes propriétaires de vélos sont souvent issues de foyers à faibles revenus, vivant de l’agriculture ou de petites activités informelles. Le vélo devient pour elles un outil indispensable de survie économique et logistique. Cependant, des barrières culturelles et sociales persistent : stigmatisation du vélo comme moyen de transport des pauvres, représentations genrées du vélo comme outil masculin, manque d’infrastructures cyclables, et absence de couverture d’assurance en cas d’accident.
Les FGDs ont mis en lumière les principaux défis rencontrés par les femmes cyclistes : peur de la circulation, manque de formation, accès limité au financement, et impacts psychologiques (notamment liés au traumatisme post-génocide). À l’inverse, plusieurs leviers d’action ont été proposés : intégrer l’apprentissage du vélo à l’école, créer des pistes cyclables, réguler le transport à moto pour réduire les conflits d’usage, favoriser les vélos unisexes comme ceux promus par l’entreprise GuraRide, et encourager l’investissement dans des politiques cyclables inclusives.
En conclusion, cette étude démontre que les femmes rurales ne sont pas moins capables que les hommes de faire du vélo, mais qu’elles sont freinées par des obstacles structurels, culturels et économiques. Garantir l'accès équitable à la mobilité à vélo est essentiel pour lutter contre la pauvreté, améliorer la qualité de vie et renforcer l’autonomisation des femmes en milieu rural. L’étude appelle donc à une action politique concertée, fondée sur des données empiriques solides, pour promouvoir un système de transport rural juste et inclusif.
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L’étude a porté sur 50 cyclistes (24 % de femmes), répartis entre les secteurs de Nyamata (plus urbanisé) et Mayange (plus rural). Les données collectées via les GPS incluent la vitesse, la distance, la durée et l’altitude des trajets. Les informations ont été complétées par des enquêtes sur les activités quotidiennes, les revenus et la perception sociale du vélo. En tout, 2 050 trajets ont été enregistrés.
Les résultats montrent une faible disparité de genre en termes de performance physique : vitesse, distance et durée de trajet sont similaires pour les hommes et les femmes. Le genre ne semble donc pas influencer directement les performances cyclistes. En revanche, les activités quotidiennes sont très genrées : les femmes utilisent le vélo principalement pour des tâches domestiques, l’agriculture, les courses et le transport d’enfants, tandis que les hommes le mobilisent davantage pour le transport rémunéré (vélo-taxi).
Sur le plan socio-économique, les femmes propriétaires de vélos sont souvent issues de foyers à faibles revenus, vivant de l’agriculture ou de petites activités informelles. Le vélo devient pour elles un outil indispensable de survie économique et logistique. Cependant, des barrières culturelles et sociales persistent : stigmatisation du vélo comme moyen de transport des pauvres, représentations genrées du vélo comme outil masculin, manque d’infrastructures cyclables, et absence de couverture d’assurance en cas d’accident.
Les FGDs ont mis en lumière les principaux défis rencontrés par les femmes cyclistes : peur de la circulation, manque de formation, accès limité au financement, et impacts psychologiques (notamment liés au traumatisme post-génocide). À l’inverse, plusieurs leviers d’action ont été proposés : intégrer l’apprentissage du vélo à l’école, créer des pistes cyclables, réguler le transport à moto pour réduire les conflits d’usage, favoriser les vélos unisexes comme ceux promus par l’entreprise GuraRide, et encourager l’investissement dans des politiques cyclables inclusives.
En conclusion, cette étude démontre que les femmes rurales ne sont pas moins capables que les hommes de faire du vélo, mais qu’elles sont freinées par des obstacles structurels, culturels et économiques. Garantir l'accès équitable à la mobilité à vélo est essentiel pour lutter contre la pauvreté, améliorer la qualité de vie et renforcer l’autonomisation des femmes en milieu rural. L’étude appelle donc à une action politique concertée, fondée sur des données empiriques solides, pour promouvoir un système de transport rural juste et inclusif.