Books by Salifou NDAM

Presses universitaires de Nouvelle-Aquitaine - Peurs urbaines - XVIe-XXIe siècle, 2022
Ce texte explore l’impact social et politique de la vidéosurveillance policière à Yaoundé, capita... more Ce texte explore l’impact social et politique de la vidéosurveillance policière à Yaoundé, capitale du Cameroun, dans un contexte marqué par une centralisation du pouvoir et une montée des contestations sociales. Présentée officiellement comme un outil de sécurité, la vidéosurveillance devient dans cette analyse un symbole de contrôle social, de distinction urbaine, et de gouvernance autoritaire.
L’étude repose sur des entretiens semi-directifs et des observations de terrain menées entre 2019 et 2021, auprès d’usagers de la route, fonctionnaires et policiers. L’auteur examine les représentations sociales de la vidéosurveillance et les formes de peur qui en découlent, tant individuelles que collectives.
La vidéosurveillance à Yaoundé s’inscrit dans un projet étatique de modernisation urbaine, amorcé dès 2008. Son déploiement massif – 2000 caméras en 2019 – est particulièrement concentré à Yaoundé, où près de la moitié des dispositifs ont été installés. Ce déploiement intervient dans un contexte politique tendu : élections contestées, crise anglophone, manifestations interdites. Les caméras apparaissent ainsi comme un outil de régulation sécuritaire, mais aussi de surveillance politique.
L’étude met en lumière le caractère autoritaire de ce dispositif, introduit sans consultation publique, et dans un pays où les services sociaux de base (eau, électricité, santé) restent défaillants. Pour de nombreux habitants, ces caméras ne répondent pas aux priorités sociales : elles incarnent plutôt un « luxe de sécurité », perçu comme un gaspillage de ressources publiques.
Sur le plan juridique, la vidéosurveillance est peu encadrée au Cameroun, ce qui ouvre la voie à de nombreux abus. Certains individus se servent de leur proximité (réelle ou prétendue) avec les centres de surveillance pour extorquer de l’argent ou menacer de « diffuser des images ». Ces pratiques génèrent un climat de suspicion et d’insécurité juridique, où les citoyens craignent d’être surveillés en permanence sans possibilité de recours.
La peur est omniprésente : peur d’être vu, peur d’être accusé à tort, peur d’être manipulé. Cette peur est d’autant plus forte que les citoyens ont peu confiance dans les institutions. Elle est intériorisée au point de susciter l’autocensure et le silence. L’auteur évoque une « société de la peur » nourrie par un pouvoir qui cherche à maîtriser l’espace public et les comportements, notamment ceux perçus comme politiquement dangereux.
Enfin, l’analyse montre que Yaoundé, en tant que capitale, incarne un modèle urbain autoritaire. Le mythe d’une ville-centre moderne et disciplinée se traduit par une urbanisation contrôlée, où la mobilité est encadrée par des dispositifs de surveillance invisibles mais omniprésents. Le texte conclut que la vidéosurveillance à Yaoundé est bien plus qu’un outil de sécurité : elle est le reflet d’un projet politique de domination, d’exclusion et de dissuasion de toute forme de dissidence.

Sociétés plurielles, Mar 16, 2020
Abstract
In Yaounde, street posters carry hierarchical social dynamics and rivalries that charact... more Abstract
In Yaounde, street posters carry hierarchical social dynamics and rivalries that characterize the struggle for the expression of rights to the city. As the city is divided into separate display areas, the street posters are then intended to reproduce the social hierarchies. At the same time, some posters fight against these logics through what are known as "counter power" and "counter space" strategies, synonymous of plural urbanism.
Keywords : Street Posters, Billboards, City Politics, Right to the City, Regulation, Clandestinity.
Résumé
À Yaoundé, les affiches de rues sont porteuses de dynamiques sociales hiérarchiques et de rivalités caractérisant la lutte pour l’expression des droits à la ville. Dans un contexte où la ville est divisée en zones d’affichage distinctes, les affiches de rue visent alors à reproduire les hiérarchies sociales. En même temps, certains afficheurs combattent ces logiques à travers ce qu’il est convenu d’appeler les stratégies de « contre pouvoir » et de « contre espaces », synonymes d’un urbanisme pluriel.
Mots clés : affiches de rue, espaces d’affichage, politique de la ville, droit à la ville, réglementation, clandestinité.

La Ville en Afrique noire : réalités d’aujourd’hui (The city in Black Africa: today’s realities), 2016
Instaurés en 2006 pour la première fois au Cameroun en général et à Yaoundé en particulier par la... more Instaurés en 2006 pour la première fois au Cameroun en général et à Yaoundé en particulier par la Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY), les parkings publics payants sont un nouvel outil de régulation qui participe à la redéfinition des espaces de circulation dans les milieux urbains camerounais. À Yaoundé, leur matérialisation ou non dans les rues n’est pas hasardeuse ; elle est savamment pensée et aménagée lorsque c’est possible, avec une volonté implicite de la « ville d’en haut », de véhiculer une idéologie d’une « ville-capitale ». Considérée comme telle, ses rues construisent et déterminent régulièrement manu militari, les « manières de circuler » des acteurs sociaux. C’est pourquoi, en fonction de leur catégorie sociale et urbaine, les individus se façonnent des représentations différentes de celles que se font et véhiculent la CUY.
Mots clés : parkings publics, rue, circulation, espaces publics, Yaoundé, Communauté Urbaine de Yaoundé.
Abstract
In Cameroon in general and Yaoundé in particular, it was in 2006 that the project of paying public parking space was first launched by the Yaoundé city council. It was a means to redefine and regulate circulation spaces in the Cameroonian urban milieu. Their materialization or not in Yaounde’s streets is not hazardous. It is thought and cleverly designed where possible, with an implied will of the “city from above” to convey an ideology of a capital city. With the notion of Yaounde being a city with authority, its roads consist of “forceful circulation” especially on the social actors end. An individual in the capital, either a city dweller or neo-dweller, has a specific idea of public car parks that is different from that of the city council staff.
Key words : public parking, street, circulation/movement, public spaces, Yaounde, Yaounde City Council.
VIVRE EN VILLE AUJOURD'HUI : Métropolisation et changements sociaux au Cameroun, 2018
L’auteur s’attèle à analyser la genèse sociale des parkings publics et les usages qui en sont fai... more L’auteur s’attèle à analyser la genèse sociale des parkings publics et les usages qui en sont faits dans la ville de Yaoundé. La capitale politique du Cameroun connaît en effet une urbanisation croissante ainsi qu’on l’a signalé plus haut, ce qui entraine une augmentation fulgurante de la mobilité motorisée. Cette contribution qui s’inscrit dans le prolongement des problématiques élargies de la « sociologie de la circulation » cherche analyse les jeux de régulation qui s’opèrent autour de l’institution des parkings publics. Ainsi, soutient l’auteur, bien que relevant d’une pratique propre aux villes modernes, la pratique des parkings publics (et surtout ceux payants) ne peut être véritablement appréhendée qu’en fonction des contextes socioculturels et économiques spécifiques à chaque ville.

Vivre en ville aujourd'hui: Métropolisation et changements sociaux au Cameroun , 2018
Les auteurs s’efforcent de démontrer comment le numérique reconfigure considérablement les pratiq... more Les auteurs s’efforcent de démontrer comment le numérique reconfigure considérablement les pratiques sociales au Cameroun dans les métropoles de Yaoundé et de Douala. À travers la ville 2.0, ce chapitre introductif visualise le lien entre homo numéricus et homo urbanus. L’homme urbain serait avant tout un homme numérique, un homme connecté et qui a le réseau, bref, un homme « Android ». Ces processus ne sont pourtant pas sans conséquences, car, cette connexion si valorisée et célébrée tant à reconfigurer le lien social au point parfois de constituer une menace à la cohésion sociale. En d’autres termes, l’omniprésence des gadgets numériques connectés ou pas, connecte l’individu aux autres au point même de le déconnecter de son environnement immédiat parfois. L’outil Internet modifie structurellement nos usages de manière extraordinaire et met en place de nouveaux lieux de construction et de promotion de nouvelles sociabilités.
Papers by Salifou NDAM

Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine - Urbicides. Destruction et renaissances urbaines du XVIe siècle à nos jours, 2021
Ce texte analyse les dynamiques de marginalisation sociale et de remodelage urbain dans la ville ... more Ce texte analyse les dynamiques de marginalisation sociale et de remodelage urbain dans la ville de Yaoundé, notamment dans les quartiers précaires de Ntaba et Etam-Bafia, à travers le prisme de l’urbicide – destruction physique et symbolique d’espaces urbains – en contexte de crise. À partir de 2005, sous l’impulsion du Délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé (CUY), un vaste programme de modernisation est lancé, visant à transformer la capitale camerounaise en une ville « comme Paris ». Cela s’est traduit par des destructions massives d’habitations informelles, justifiées par des objectifs d’embellissement urbain.
Les quartiers de Ntaba et Etam-Bafia, situés en bordure d’axes présidentiels, sont ciblés prioritairement, car jugés inesthétiques et peu représentatifs du statut de ville-capitale. Ces quartiers sont cependant habités par des populations vulnérables, sans titres fonciers, souvent issues de migrations internes. Faute d’alternatives de relogement, ces populations développent des formes de résistances « silencieuses » : reconstructions nocturnes, mobilisation d’élites politiques, ou encore occupation illégale persistante des terrains.
La méthode adoptée repose sur des entretiens semi-directifs et des observations directes. Les auteurs mobilisent le structuralisme constructiviste pour analyser les représentations sociales de la ville, montrant comment les élites imposent leur vision de l’urbanité au détriment des couches populaires. Le processus de déguerpissement apparaît ambivalent : officiellement présenté comme un effort de modernisation, il s’accompagne d’une forte exclusion sociale. L'article distingue ainsi deux formes d’urbicide : l’un involontaire, motivé par une volonté d’ordre urbain ; l’autre volontaire, où le déguerpissement est un moyen d’appropriation foncière par les classes dominantes.
Les projets de réaménagement dans ces quartiers se heurtent cependant à de nombreux obstacles. À Ntaba, malgré les casses opérées entre 2008 et 2010, les travaux n'ont réellement débuté qu’en 2019. L’occupation des terrains a repris, illustrant l’échec partiel de la stratégie de la CUY. À Etam-Bafia, les aménagements – notamment le bitumage de certaines voies – ont été réalisés plus rapidement, mais sans que les populations déguerpies aient été convenablement relogées ou indemnisées. Ces pratiques ont été vécues comme violentes et injustes par les habitants.
Enfin, les auteurs dénoncent un urbanisme de « laisser-faire », où l’État tolère longtemps des installations précaires pour ensuite les supprimer brutalement. Cela met en lumière les contradictions des politiques publiques : d’un côté, une vision moderniste et autoritaire du développement urbain ; de l’autre, une incapacité à prendre en compte les réalités sociales des habitants précarisés. Ce texte souligne la nécessité d’un droit à la ville inclusif et d’une véritable concertation entre autorités et populations.

Afrique(s) en mouvement, 2024
Cet article explore les dynamiques des périphéries urbaines en Afrique subsaharienne à travers un... more Cet article explore les dynamiques des périphéries urbaines en Afrique subsaharienne à travers une étude spécifique des quartiers périphériques de Lomé et de Yaoundé. En utilisant une approche qualitative, il analyse les processus d’appropriation
résidentielle des nouveaux citadins dans ces zones mettant en lumière six idéaux-types représentant différentes stratégies résidentielles : les éclaireurs et les défricheurs, figures de l’aventure, les grégaires et les parieurs, figures opportunistes les cartésiens et les ultra-exigeants, figures prudentes. Ces stratégies varient en fonction de la classe socioéconomique, de l’appartenance socio-ethnique et des aspirations personnelles des habitants. Les résidents de classe aisée adoptent des approches plus planifiées et ambitieuses, tandis que ceux de classe moins aisée préfèrent des approches plus progressives et la proximité sociale. L’appartenance à des groupes ethniques et des réseaux sociaux joue un rôle crucial en fournissant des ressources pour la réalisation des projets résidentiels. Face à cette diversité de stratégies, l’article souligne l’importance d’adapter les politiques d’urbanisme et d’habitat aux besoins variés des habitants et aux spécificités locales. Dans un contexte d’urbanisation rapide, une compréhension approfondie des dynamiques sociales, économiques et culturelles est nécessaire pour développer des modèles urbains appropriés.

Safety, Jun 19, 2025
Cette étude explore les usages et les stratégies de sécurité liés aux motos-taxis dans deux grand... more Cette étude explore les usages et les stratégies de sécurité liés aux motos-taxis dans deux grandes villes camerounaises : Yaoundé et Douala. En s’appuyant sur des méthodes mixtes, notamment des enquêtes quantitatives (n=400), des entretiens qualitatifs (25 entretiens semi-directifs) et des observations de terrain, l’article analyse les facteurs qui motivent l’usage massif des motos-taxis malgré les risques d’accidents élevés.
Les résultats montrent que les motos-taxis sont perçus comme une réponse rapide, flexible et accessible à la faible offre de transport formel, notamment dans les zones enclavées. Les utilisateurs, en particulier les jeunes et les femmes, apprécient la rapidité, le coût relativement bas et la capacité d’atteindre des destinations difficilement desservies. Cependant, l’étude met en lumière les nombreux dangers associés à ce mode de transport : absence d’équipement de protection, conduite imprudente, surcharge, et méconnaissance du code de la route.
L’article souligne que la sécurité repose souvent sur des stratégies individuelles de gestion du risque, aussi bien chez les conducteurs que chez les passagers. Les autorités locales peinent à réguler ce secteur en raison de contraintes économiques, de la forte demande et d’un encadrement institutionnel faible. Par ailleurs, les tentatives de régulation, comme le port obligatoire du casque ou la limitation de zones d’accès, restent largement inefficaces ou non appliquées.
En conclusion, l’étude invite à reconnaître les motos-taxis non seulement comme un symptôme de la crise urbaine des transports, mais aussi comme un acteur central de la mobilité populaire. Elle appelle à une gouvernance plus inclusive, qui associe conducteurs, usagers et autorités dans la co-construction de solutions adaptées à la réalité locale, pour améliorer la sécurité sans compromettre l’accès à la mobilité.

SSNR, Jan 24, 2024
Cette étude menée au Rwanda, dans les districts de Bugesera et Rubavu, examine les dynamiques du ... more Cette étude menée au Rwanda, dans les districts de Bugesera et Rubavu, examine les dynamiques du cyclisme rural en Afrique subsaharienne, en mettant un accent particulier sur les dimensions de genre, socio-économiques, culturelles, psychologiques et infrastructurelles. Le contexte rural de ces deux régions présente un contraste marqué en termes d’accès aux infrastructures et de pratiques de mobilité. Bugesera, plus plat et rural, compte un taux de possession de vélos supérieur à celui de Rubavu, plus montagneux.
L’approche méthodologique adoptée est mixte : 100 cyclistes (50 par district) ont été équipés de traceurs GPS pour analyser les habitudes de déplacement, complétés par des discussions de groupes (FGD) pour explorer les facteurs sociaux et culturels. Les données recueillies ont été traitées avec divers outils (QGIS, Python, Matlab, Nvivo) pour fournir une analyse multi-niveaux.
Les résultats révèlent que le genre et le revenu influencent fortement la possession de vélos. À Bugesera, les faibles revenus sont associés à une plus forte possession de vélos, surtout chez les femmes engagées dans des activités informelles (agriculture, petits commerces). En revanche, Rubavu, bien que plus urbanisé, présente un taux de possession beaucoup plus faible, concentré surtout chez les hommes opérant des vélos-taxis.
L’environnement bâti influe également sur les comportements de mobilité : la prédominance de routes non goudronnées à Bugesera ralentit la vitesse et augmente l’effort requis, mais favorise une plus grande diversité d’utilisateurs, contrairement à Rubavu où les routes sont mieux aménagées mais utilisées quasi exclusivement par des professionnels masculins. La topographie joue un rôle crucial : Bugesera étant relativement plat facilite l’usage du vélo, tandis que Rubavu, avec ses pentes raides, dissuade surtout les femmes, amplifiant les inégalités.
En termes de sécurité, les utilisateurs de vélos, notamment les femmes, sont exposés à divers risques : absence d’assurance, infrastructures inadaptées, routes partagées avec des véhicules motorisés. Le manque de pistes cyclables, d’éclairage public, et les dangers perçus liés à la circulation dense aggravent ces vulnérabilités.
Psychologiquement, des barrières importantes existent, surtout pour les femmes : peur de la route, anxiété post-traumatique, stigmatisation sociale du cyclisme (perçu comme un signe de pauvreté ou d’indécence). Dans certaines cultures, le vélo est même proscrit aux jeunes filles pour des raisons de morale ou de réputation.
L’étude recommande de renforcer les infrastructures cyclables, de sensibiliser à la sécurité routière, d’adapter la conception des vélos aux besoins féminins, de mettre en place des formations à la conduite cycliste, et de s’attaquer aux normes culturelles discriminatoires. Des initiatives privées, comme GuraRide, montrent qu’un soutien ciblé peut accroître significativement la participation des femmes.
En conclusion, promouvoir une culture cyclable inclusive en milieu rural africain nécessite une approche intégrée, attentive aux dimensions sociales, économiques, culturelles et psychologiques des usagers, afin de développer une mobilité durable et équitable pour tous.

E3S Web of Conferences, 2023
Cet article analyse les répercussions sociales de la pandémie de COVID-19 sur la mobilité quotidi... more Cet article analyse les répercussions sociales de la pandémie de COVID-19 sur la mobilité quotidienne dans les deux principales villes du Cameroun : Yaoundé (capitale politique) et Douala (capitale économique). L’étude repose sur une méthodologie mixte, combinant 1 235 questionnaires en ligne (dont 878 exploitables pour Yaoundé et Douala), 11 entretiens et des observations directes menées entre mars et mai 2020.
La pandémie a profondément transformé les pratiques de déplacement, révélant des logiques modales différenciées selon les individus, influencées par la peur de la contamination, les contraintes économiques et les dynamiques sociales locales. L’article met en évidence quatre profils principaux d’usagers :
Les usagers sensibles au coût : Ces individus privilégient les modes de transport les moins coûteux ou gratuits (marche, parfois moto), plaçant le souci économique avant le confort ou la sécurité sanitaire. Ils représentent une majorité touchée par la hausse des tarifs du transport public due aux mesures de distanciation (ex. : prix du taxi passant de 250 à 600 FCFA).
Les usagers phobiques : Animés par la peur de contracter le virus et conscients des limites du système de santé camerounais, ces individus limitent drastiquement leurs déplacements. Ils évitent les transports en commun, leur préférant la marche, le vélo ou, quand possible, la voiture personnelle.
Les usagers locaux ou de proximité : Ce groupe adapte ses trajets en fonction de la distance et privilégie les déplacements de proximité pour se rendre dans les marchés, pharmacies, ou lieux de première nécessité. La pandémie les a poussés à redécouvrir leur quartier, renforçant les pratiques de mobilité douce comme la marche ou le vélo.
Les automobilistes occasionnels exclusifs : Ce groupe regroupe des individus qui, sans être propriétaires, accèdent temporairement à des véhicules (prêt familial ou amical) pour se déplacer en toute autonomie, loin des risques sanitaires associés aux transports collectifs. Ce type de mobilité est motivé par la solidarité sociale, mais aussi par la volonté de préserver un « espace privé sécurisé ».
Au-delà de ces typologies, l’article met en lumière la dualité entre les impératifs de survie économique et la nécessité de se protéger du virus. La confinement volontaire, motivé par la peur, cohabite avec un confinement par échec, causé par la précarité économique empêchant l’accès aux transports sûrs ou à la protection sanitaire adéquate.
En conclusion, la pandémie agit comme un révélateur de fractures sociales, soulignant le manque d’adaptation des politiques publiques aux réalités du quotidien urbain camerounais. La mobilité devient ainsi une métaphore de la survie sociale : refuser de bouger, c’est risquer la mort sociale ; bouger, c’est risquer la mort biologique. L’article appelle à une meilleure coordination entre discipline publique, collaboration citoyenne et soutien économique afin d’assurer une gestion plus équitable des crises sanitaires en milieu urbain africain.

Waste, Jun 26, 2023
Dans un contexte d’urbanisation rapide et de pauvreté croissante, la gestion des déchets ménagers... more Dans un contexte d’urbanisation rapide et de pauvreté croissante, la gestion des déchets ménagers constitue un défi majeur pour les villes d’Afrique subsaharienne. L’étude menée à Yaoundé (Cameroun) examine les pratiques socio-politiques des acteurs impliqués dans la gestion des déchets et leur impact sur le développement durable. En mobilisant des approches qualitatives et cartographiques (entretiens, observations et géolocalisation via KoboToolbox), les auteurs ont recensé 264 dépôts de déchets dont 58 % sont informels.
L’analyse met en évidence une gouvernance fragmentée, marquée par la multiplicité des acteurs publics, privés et communautaires, un cadre juridique obsolète, une faible application des lois, et un manque criant de ressources. La société civile et les citoyens adoptent des stratégies d’évitement (dépôts nocturnes, incinérations sauvages), révélant une méfiance envers les institutions et une appropriation informelle de l’espace urbain.
Les conséquences sont multiples : prolifération des maladies (paludisme, choléra), pollution des eaux et de l’air, inondations, et dégradation du tissu socio-économique. La recherche démontre que la crise des déchets à Yaoundé est autant le fait des autorités que des citoyens. Elle plaide pour une gouvernance inclusive, combinant approches descendantes (État) et ascendantes (populations), fondée sur l’action locale, la participation, et la responsabilisation collective.
En conclusion, la gouvernance urbaine des déchets à Yaoundé illustre les limites des politiques de durabilité non appliquées sur le terrain. Le changement passe par une réforme institutionnelle, une meilleure planification spatiale, une éducation à l’écocitoyenneté, et un appui accru aux initiatives locales de tri et de recyclage. Ce cas met en lumière la nécessité de repenser la gestion des déchets dans les villes du Sud pour atteindre les Objectifs de Développement Durable.

Presses universitaires de Paris Nanterre - Vivre et construire le droit à la ville : expériences au Sud, 2020
Ce chapitre explore les tensions autour des parkings publics payants instaurés à Yaoundé en 2006 ... more Ce chapitre explore les tensions autour des parkings publics payants instaurés à Yaoundé en 2006 par la Communauté urbaine (CUY), et leur appropriation détournée par les commerçants de rue. L’auteur examine comment ces parkings, conçus pour réguler la mobilité urbaine et moderniser l’image de la ville, sont devenus des espaces de conflits, de négociation et de revendication du droit à la ville.
Initialement inspirés par les modèles européens de gestion urbaine, les parkings publics sont présentés comme des outils de modernisation, sous la vision du délégué gouvernemental qui voulait faire de Yaoundé une « ville comme Paris ». Toutefois, leur implantation dans des espaces déjà saturés (chaussée, trottoirs) a entraîné des usages multiples. Rapidement, les commerçants de rue s’installent sur ces espaces, revendiquant leur droit à travailler et survivre en ville. Cette occupation est une réponse à un chômage massif, un tissu économique faible et une politique urbaine excluante.
L’étude repose sur des observations de terrain et 33 entretiens menés dans des zones centrales comme Mokolo, Melen, Mvog-bi ou l’Avenue Kennedy. Ces zones concentrent les interactions entre automobilistes, commerçants, parc-maîtres (agents chargés de collecter les droits de stationnement), agents municipaux et la CUY. On découvre ainsi que les parkings deviennent un espace partagé, voire marchandé, entre divers usagers en quête de revenus.
Les commerçants utilisent des étals mobiles pour échapper aux déguerpissements fréquents. Ils tissent également des complicités avec les parc-maîtres (aux revenus faibles, souvent proches socialement des commerçants), qui leur vendent parfois des tickets de stationnement, utilisés comme preuve de droit d’occupation, comme dans un marché régulier. Les agents de la voirie, censés appliquer la loi, oscillent entre répression, négociation et compassion. Ce jeu complexe engendre des conflits réguliers entre commerçants, automobilistes et autorités, mais aussi des formes d’arrangement local.
Le chapitre met en lumière une cohabitation paradoxale : d’un côté, les autorités condamnent l’occupation informelle de l’espace public, de l’autre, elles tolèrent cette activité en raison de son rôle crucial pour l’économie urbaine informelle et la stabilité sociale. Cette tolérance est parfois un moindre mal face à l’exclusion et à la pauvreté. L’usage détourné des parkings devient une forme de résistance ordinaire, non pas contre l’ordre urbain en soi, mais contre l’exclusion de certains citadins des processus de décision et d’accès à la ville.
En conclusion, l’article souligne que le droit à la ville ne se limite pas à un aménagement institutionnel de l’espace, mais inclut la capacité pour chacun à y vivre, travailler et s’ancrer. Les pratiques des commerçants de rue révèlent des stratégies d’intégration, malgré leur caractère « illégal » selon les normes officielles. L’enjeu est alors de penser une ville inclusive, où les politiques urbaines prennent en compte les réalités sociales des plus vulnérables, plutôt que de les exclure au nom d’une modernité importée.
Revue internationale des études du développement, 2022
Betting on soccer games, called “Parifoot,” has become a “refuge” for many young people in Camero... more Betting on soccer games, called “Parifoot,” has become a “refuge” for many young people in Cameroonian cities. By focusing on the socio-political and economic context that has favored the development of this phenomenon in Cameroon and on the profiles of the young people involved in Yaoundé — the capital and one of the two largest cities in the country — this paper examines how the exposure of young people to poverty, unemployment, and underemployment has led them to capitalize on their soccer culture through this game, while hoping to make money to improve their living conditions, in a general context of globalized sports.

Revue internationale des francophonies, 2021
The Cameroonian state advocates secularism. Yet, more than 50 years after the country's independe... more The Cameroonian state advocates secularism. Yet, more than 50 years after the country's independence, the issue of secularism remains quite complex and ambiguous in terms of public ownership and various interpretations observed. Starting from this logic, the religious manifests himself without limits, and on varied and differentiated scales, in the different spheres of daily life. In public services, for example, it takes the form of the omnipresence of objects and places of worship on workspaces and in professional interactions between public servants and users. Although officially deviant, this practice is the result of the real need for public servants to bring their religions to the workplace in the name of secularism and freedom of religion. Because of the apparent confusion between secularism and freedom of worship, religion is positioned in public services not only as an element of social marking, but also as a tool for claiming identity, religious mobilization and guiding the conduct of public servants and users. This reconfiguration of the social relationships between public servants and between public servants and users calls into question the cardinal requirements of the public service, in the administrative sense of the term. Consequently, this article uses data from direct observations in Yaounde, the capital city of Cameroon, and semi-directive interviews with users and public servants in five ministries, focuses on the analyses of the relationship that exist between individuals and secularism. It emerges that the preponderance of religious facts in public services is part of a questioning of the administrative and professional ethics of public servants, and of the various considerations of the notion of secularism by Cameroonian society in general. Although the latter are contradictory, its multiplicity and consequences constitute a proof of the religious cohabitation, the conciliation and the sharing of subjectivities in the jobsite, and at the same time a breach of the performance and efficiency of public servants in Cameroon.
Conference Presentations by Salifou NDAM

41 Annual South African Transport Conference (SATC), 2023
Cet article examine l'impact du genre sur les décisions de mobilité à vélo dans un contexte rural... more Cet article examine l'impact du genre sur les décisions de mobilité à vélo dans un contexte rural, à partir d’une étude de cas menée dans le district de Bugesera au Rwanda. Le projet vise à combler le manque de données sur la mobilité cycliste rurale, souvent ignorée au profit des zones urbaines. Il mobilise des outils innovants, comme des traceurs GPS, ainsi que des discussions de groupes (FGDs) pour analyser les déterminants sociaux, économiques, culturels et techniques de la mobilité.
L’étude a porté sur 50 cyclistes (24 % de femmes), répartis entre les secteurs de Nyamata (plus urbanisé) et Mayange (plus rural). Les données collectées via les GPS incluent la vitesse, la distance, la durée et l’altitude des trajets. Les informations ont été complétées par des enquêtes sur les activités quotidiennes, les revenus et la perception sociale du vélo. En tout, 2 050 trajets ont été enregistrés.
Les résultats montrent une faible disparité de genre en termes de performance physique : vitesse, distance et durée de trajet sont similaires pour les hommes et les femmes. Le genre ne semble donc pas influencer directement les performances cyclistes. En revanche, les activités quotidiennes sont très genrées : les femmes utilisent le vélo principalement pour des tâches domestiques, l’agriculture, les courses et le transport d’enfants, tandis que les hommes le mobilisent davantage pour le transport rémunéré (vélo-taxi).
Sur le plan socio-économique, les femmes propriétaires de vélos sont souvent issues de foyers à faibles revenus, vivant de l’agriculture ou de petites activités informelles. Le vélo devient pour elles un outil indispensable de survie économique et logistique. Cependant, des barrières culturelles et sociales persistent : stigmatisation du vélo comme moyen de transport des pauvres, représentations genrées du vélo comme outil masculin, manque d’infrastructures cyclables, et absence de couverture d’assurance en cas d’accident.
Les FGDs ont mis en lumière les principaux défis rencontrés par les femmes cyclistes : peur de la circulation, manque de formation, accès limité au financement, et impacts psychologiques (notamment liés au traumatisme post-génocide). À l’inverse, plusieurs leviers d’action ont été proposés : intégrer l’apprentissage du vélo à l’école, créer des pistes cyclables, réguler le transport à moto pour réduire les conflits d’usage, favoriser les vélos unisexes comme ceux promus par l’entreprise GuraRide, et encourager l’investissement dans des politiques cyclables inclusives.
En conclusion, cette étude démontre que les femmes rurales ne sont pas moins capables que les hommes de faire du vélo, mais qu’elles sont freinées par des obstacles structurels, culturels et économiques. Garantir l'accès équitable à la mobilité à vélo est essentiel pour lutter contre la pauvreté, améliorer la qualité de vie et renforcer l’autonomisation des femmes en milieu rural. L’étude appelle donc à une action politique concertée, fondée sur des données empiriques solides, pour promouvoir un système de transport rural juste et inclusif.
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Books by Salifou NDAM
L’étude repose sur des entretiens semi-directifs et des observations de terrain menées entre 2019 et 2021, auprès d’usagers de la route, fonctionnaires et policiers. L’auteur examine les représentations sociales de la vidéosurveillance et les formes de peur qui en découlent, tant individuelles que collectives.
La vidéosurveillance à Yaoundé s’inscrit dans un projet étatique de modernisation urbaine, amorcé dès 2008. Son déploiement massif – 2000 caméras en 2019 – est particulièrement concentré à Yaoundé, où près de la moitié des dispositifs ont été installés. Ce déploiement intervient dans un contexte politique tendu : élections contestées, crise anglophone, manifestations interdites. Les caméras apparaissent ainsi comme un outil de régulation sécuritaire, mais aussi de surveillance politique.
L’étude met en lumière le caractère autoritaire de ce dispositif, introduit sans consultation publique, et dans un pays où les services sociaux de base (eau, électricité, santé) restent défaillants. Pour de nombreux habitants, ces caméras ne répondent pas aux priorités sociales : elles incarnent plutôt un « luxe de sécurité », perçu comme un gaspillage de ressources publiques.
Sur le plan juridique, la vidéosurveillance est peu encadrée au Cameroun, ce qui ouvre la voie à de nombreux abus. Certains individus se servent de leur proximité (réelle ou prétendue) avec les centres de surveillance pour extorquer de l’argent ou menacer de « diffuser des images ». Ces pratiques génèrent un climat de suspicion et d’insécurité juridique, où les citoyens craignent d’être surveillés en permanence sans possibilité de recours.
La peur est omniprésente : peur d’être vu, peur d’être accusé à tort, peur d’être manipulé. Cette peur est d’autant plus forte que les citoyens ont peu confiance dans les institutions. Elle est intériorisée au point de susciter l’autocensure et le silence. L’auteur évoque une « société de la peur » nourrie par un pouvoir qui cherche à maîtriser l’espace public et les comportements, notamment ceux perçus comme politiquement dangereux.
Enfin, l’analyse montre que Yaoundé, en tant que capitale, incarne un modèle urbain autoritaire. Le mythe d’une ville-centre moderne et disciplinée se traduit par une urbanisation contrôlée, où la mobilité est encadrée par des dispositifs de surveillance invisibles mais omniprésents. Le texte conclut que la vidéosurveillance à Yaoundé est bien plus qu’un outil de sécurité : elle est le reflet d’un projet politique de domination, d’exclusion et de dissuasion de toute forme de dissidence.
In Yaounde, street posters carry hierarchical social dynamics and rivalries that characterize the struggle for the expression of rights to the city. As the city is divided into separate display areas, the street posters are then intended to reproduce the social hierarchies. At the same time, some posters fight against these logics through what are known as "counter power" and "counter space" strategies, synonymous of plural urbanism.
Keywords : Street Posters, Billboards, City Politics, Right to the City, Regulation, Clandestinity.
Résumé
À Yaoundé, les affiches de rues sont porteuses de dynamiques sociales hiérarchiques et de rivalités caractérisant la lutte pour l’expression des droits à la ville. Dans un contexte où la ville est divisée en zones d’affichage distinctes, les affiches de rue visent alors à reproduire les hiérarchies sociales. En même temps, certains afficheurs combattent ces logiques à travers ce qu’il est convenu d’appeler les stratégies de « contre pouvoir » et de « contre espaces », synonymes d’un urbanisme pluriel.
Mots clés : affiches de rue, espaces d’affichage, politique de la ville, droit à la ville, réglementation, clandestinité.
Mots clés : parkings publics, rue, circulation, espaces publics, Yaoundé, Communauté Urbaine de Yaoundé.
Abstract
In Cameroon in general and Yaoundé in particular, it was in 2006 that the project of paying public parking space was first launched by the Yaoundé city council. It was a means to redefine and regulate circulation spaces in the Cameroonian urban milieu. Their materialization or not in Yaounde’s streets is not hazardous. It is thought and cleverly designed where possible, with an implied will of the “city from above” to convey an ideology of a capital city. With the notion of Yaounde being a city with authority, its roads consist of “forceful circulation” especially on the social actors end. An individual in the capital, either a city dweller or neo-dweller, has a specific idea of public car parks that is different from that of the city council staff.
Key words : public parking, street, circulation/movement, public spaces, Yaounde, Yaounde City Council.
Papers by Salifou NDAM
Les quartiers de Ntaba et Etam-Bafia, situés en bordure d’axes présidentiels, sont ciblés prioritairement, car jugés inesthétiques et peu représentatifs du statut de ville-capitale. Ces quartiers sont cependant habités par des populations vulnérables, sans titres fonciers, souvent issues de migrations internes. Faute d’alternatives de relogement, ces populations développent des formes de résistances « silencieuses » : reconstructions nocturnes, mobilisation d’élites politiques, ou encore occupation illégale persistante des terrains.
La méthode adoptée repose sur des entretiens semi-directifs et des observations directes. Les auteurs mobilisent le structuralisme constructiviste pour analyser les représentations sociales de la ville, montrant comment les élites imposent leur vision de l’urbanité au détriment des couches populaires. Le processus de déguerpissement apparaît ambivalent : officiellement présenté comme un effort de modernisation, il s’accompagne d’une forte exclusion sociale. L'article distingue ainsi deux formes d’urbicide : l’un involontaire, motivé par une volonté d’ordre urbain ; l’autre volontaire, où le déguerpissement est un moyen d’appropriation foncière par les classes dominantes.
Les projets de réaménagement dans ces quartiers se heurtent cependant à de nombreux obstacles. À Ntaba, malgré les casses opérées entre 2008 et 2010, les travaux n'ont réellement débuté qu’en 2019. L’occupation des terrains a repris, illustrant l’échec partiel de la stratégie de la CUY. À Etam-Bafia, les aménagements – notamment le bitumage de certaines voies – ont été réalisés plus rapidement, mais sans que les populations déguerpies aient été convenablement relogées ou indemnisées. Ces pratiques ont été vécues comme violentes et injustes par les habitants.
Enfin, les auteurs dénoncent un urbanisme de « laisser-faire », où l’État tolère longtemps des installations précaires pour ensuite les supprimer brutalement. Cela met en lumière les contradictions des politiques publiques : d’un côté, une vision moderniste et autoritaire du développement urbain ; de l’autre, une incapacité à prendre en compte les réalités sociales des habitants précarisés. Ce texte souligne la nécessité d’un droit à la ville inclusif et d’une véritable concertation entre autorités et populations.
résidentielle des nouveaux citadins dans ces zones mettant en lumière six idéaux-types représentant différentes stratégies résidentielles : les éclaireurs et les défricheurs, figures de l’aventure, les grégaires et les parieurs, figures opportunistes les cartésiens et les ultra-exigeants, figures prudentes. Ces stratégies varient en fonction de la classe socioéconomique, de l’appartenance socio-ethnique et des aspirations personnelles des habitants. Les résidents de classe aisée adoptent des approches plus planifiées et ambitieuses, tandis que ceux de classe moins aisée préfèrent des approches plus progressives et la proximité sociale. L’appartenance à des groupes ethniques et des réseaux sociaux joue un rôle crucial en fournissant des ressources pour la réalisation des projets résidentiels. Face à cette diversité de stratégies, l’article souligne l’importance d’adapter les politiques d’urbanisme et d’habitat aux besoins variés des habitants et aux spécificités locales. Dans un contexte d’urbanisation rapide, une compréhension approfondie des dynamiques sociales, économiques et culturelles est nécessaire pour développer des modèles urbains appropriés.
Les résultats montrent que les motos-taxis sont perçus comme une réponse rapide, flexible et accessible à la faible offre de transport formel, notamment dans les zones enclavées. Les utilisateurs, en particulier les jeunes et les femmes, apprécient la rapidité, le coût relativement bas et la capacité d’atteindre des destinations difficilement desservies. Cependant, l’étude met en lumière les nombreux dangers associés à ce mode de transport : absence d’équipement de protection, conduite imprudente, surcharge, et méconnaissance du code de la route.
L’article souligne que la sécurité repose souvent sur des stratégies individuelles de gestion du risque, aussi bien chez les conducteurs que chez les passagers. Les autorités locales peinent à réguler ce secteur en raison de contraintes économiques, de la forte demande et d’un encadrement institutionnel faible. Par ailleurs, les tentatives de régulation, comme le port obligatoire du casque ou la limitation de zones d’accès, restent largement inefficaces ou non appliquées.
En conclusion, l’étude invite à reconnaître les motos-taxis non seulement comme un symptôme de la crise urbaine des transports, mais aussi comme un acteur central de la mobilité populaire. Elle appelle à une gouvernance plus inclusive, qui associe conducteurs, usagers et autorités dans la co-construction de solutions adaptées à la réalité locale, pour améliorer la sécurité sans compromettre l’accès à la mobilité.
L’approche méthodologique adoptée est mixte : 100 cyclistes (50 par district) ont été équipés de traceurs GPS pour analyser les habitudes de déplacement, complétés par des discussions de groupes (FGD) pour explorer les facteurs sociaux et culturels. Les données recueillies ont été traitées avec divers outils (QGIS, Python, Matlab, Nvivo) pour fournir une analyse multi-niveaux.
Les résultats révèlent que le genre et le revenu influencent fortement la possession de vélos. À Bugesera, les faibles revenus sont associés à une plus forte possession de vélos, surtout chez les femmes engagées dans des activités informelles (agriculture, petits commerces). En revanche, Rubavu, bien que plus urbanisé, présente un taux de possession beaucoup plus faible, concentré surtout chez les hommes opérant des vélos-taxis.
L’environnement bâti influe également sur les comportements de mobilité : la prédominance de routes non goudronnées à Bugesera ralentit la vitesse et augmente l’effort requis, mais favorise une plus grande diversité d’utilisateurs, contrairement à Rubavu où les routes sont mieux aménagées mais utilisées quasi exclusivement par des professionnels masculins. La topographie joue un rôle crucial : Bugesera étant relativement plat facilite l’usage du vélo, tandis que Rubavu, avec ses pentes raides, dissuade surtout les femmes, amplifiant les inégalités.
En termes de sécurité, les utilisateurs de vélos, notamment les femmes, sont exposés à divers risques : absence d’assurance, infrastructures inadaptées, routes partagées avec des véhicules motorisés. Le manque de pistes cyclables, d’éclairage public, et les dangers perçus liés à la circulation dense aggravent ces vulnérabilités.
Psychologiquement, des barrières importantes existent, surtout pour les femmes : peur de la route, anxiété post-traumatique, stigmatisation sociale du cyclisme (perçu comme un signe de pauvreté ou d’indécence). Dans certaines cultures, le vélo est même proscrit aux jeunes filles pour des raisons de morale ou de réputation.
L’étude recommande de renforcer les infrastructures cyclables, de sensibiliser à la sécurité routière, d’adapter la conception des vélos aux besoins féminins, de mettre en place des formations à la conduite cycliste, et de s’attaquer aux normes culturelles discriminatoires. Des initiatives privées, comme GuraRide, montrent qu’un soutien ciblé peut accroître significativement la participation des femmes.
En conclusion, promouvoir une culture cyclable inclusive en milieu rural africain nécessite une approche intégrée, attentive aux dimensions sociales, économiques, culturelles et psychologiques des usagers, afin de développer une mobilité durable et équitable pour tous.
La pandémie a profondément transformé les pratiques de déplacement, révélant des logiques modales différenciées selon les individus, influencées par la peur de la contamination, les contraintes économiques et les dynamiques sociales locales. L’article met en évidence quatre profils principaux d’usagers :
Les usagers sensibles au coût : Ces individus privilégient les modes de transport les moins coûteux ou gratuits (marche, parfois moto), plaçant le souci économique avant le confort ou la sécurité sanitaire. Ils représentent une majorité touchée par la hausse des tarifs du transport public due aux mesures de distanciation (ex. : prix du taxi passant de 250 à 600 FCFA).
Les usagers phobiques : Animés par la peur de contracter le virus et conscients des limites du système de santé camerounais, ces individus limitent drastiquement leurs déplacements. Ils évitent les transports en commun, leur préférant la marche, le vélo ou, quand possible, la voiture personnelle.
Les usagers locaux ou de proximité : Ce groupe adapte ses trajets en fonction de la distance et privilégie les déplacements de proximité pour se rendre dans les marchés, pharmacies, ou lieux de première nécessité. La pandémie les a poussés à redécouvrir leur quartier, renforçant les pratiques de mobilité douce comme la marche ou le vélo.
Les automobilistes occasionnels exclusifs : Ce groupe regroupe des individus qui, sans être propriétaires, accèdent temporairement à des véhicules (prêt familial ou amical) pour se déplacer en toute autonomie, loin des risques sanitaires associés aux transports collectifs. Ce type de mobilité est motivé par la solidarité sociale, mais aussi par la volonté de préserver un « espace privé sécurisé ».
Au-delà de ces typologies, l’article met en lumière la dualité entre les impératifs de survie économique et la nécessité de se protéger du virus. La confinement volontaire, motivé par la peur, cohabite avec un confinement par échec, causé par la précarité économique empêchant l’accès aux transports sûrs ou à la protection sanitaire adéquate.
En conclusion, la pandémie agit comme un révélateur de fractures sociales, soulignant le manque d’adaptation des politiques publiques aux réalités du quotidien urbain camerounais. La mobilité devient ainsi une métaphore de la survie sociale : refuser de bouger, c’est risquer la mort sociale ; bouger, c’est risquer la mort biologique. L’article appelle à une meilleure coordination entre discipline publique, collaboration citoyenne et soutien économique afin d’assurer une gestion plus équitable des crises sanitaires en milieu urbain africain.
L’analyse met en évidence une gouvernance fragmentée, marquée par la multiplicité des acteurs publics, privés et communautaires, un cadre juridique obsolète, une faible application des lois, et un manque criant de ressources. La société civile et les citoyens adoptent des stratégies d’évitement (dépôts nocturnes, incinérations sauvages), révélant une méfiance envers les institutions et une appropriation informelle de l’espace urbain.
Les conséquences sont multiples : prolifération des maladies (paludisme, choléra), pollution des eaux et de l’air, inondations, et dégradation du tissu socio-économique. La recherche démontre que la crise des déchets à Yaoundé est autant le fait des autorités que des citoyens. Elle plaide pour une gouvernance inclusive, combinant approches descendantes (État) et ascendantes (populations), fondée sur l’action locale, la participation, et la responsabilisation collective.
En conclusion, la gouvernance urbaine des déchets à Yaoundé illustre les limites des politiques de durabilité non appliquées sur le terrain. Le changement passe par une réforme institutionnelle, une meilleure planification spatiale, une éducation à l’écocitoyenneté, et un appui accru aux initiatives locales de tri et de recyclage. Ce cas met en lumière la nécessité de repenser la gestion des déchets dans les villes du Sud pour atteindre les Objectifs de Développement Durable.
Initialement inspirés par les modèles européens de gestion urbaine, les parkings publics sont présentés comme des outils de modernisation, sous la vision du délégué gouvernemental qui voulait faire de Yaoundé une « ville comme Paris ». Toutefois, leur implantation dans des espaces déjà saturés (chaussée, trottoirs) a entraîné des usages multiples. Rapidement, les commerçants de rue s’installent sur ces espaces, revendiquant leur droit à travailler et survivre en ville. Cette occupation est une réponse à un chômage massif, un tissu économique faible et une politique urbaine excluante.
L’étude repose sur des observations de terrain et 33 entretiens menés dans des zones centrales comme Mokolo, Melen, Mvog-bi ou l’Avenue Kennedy. Ces zones concentrent les interactions entre automobilistes, commerçants, parc-maîtres (agents chargés de collecter les droits de stationnement), agents municipaux et la CUY. On découvre ainsi que les parkings deviennent un espace partagé, voire marchandé, entre divers usagers en quête de revenus.
Les commerçants utilisent des étals mobiles pour échapper aux déguerpissements fréquents. Ils tissent également des complicités avec les parc-maîtres (aux revenus faibles, souvent proches socialement des commerçants), qui leur vendent parfois des tickets de stationnement, utilisés comme preuve de droit d’occupation, comme dans un marché régulier. Les agents de la voirie, censés appliquer la loi, oscillent entre répression, négociation et compassion. Ce jeu complexe engendre des conflits réguliers entre commerçants, automobilistes et autorités, mais aussi des formes d’arrangement local.
Le chapitre met en lumière une cohabitation paradoxale : d’un côté, les autorités condamnent l’occupation informelle de l’espace public, de l’autre, elles tolèrent cette activité en raison de son rôle crucial pour l’économie urbaine informelle et la stabilité sociale. Cette tolérance est parfois un moindre mal face à l’exclusion et à la pauvreté. L’usage détourné des parkings devient une forme de résistance ordinaire, non pas contre l’ordre urbain en soi, mais contre l’exclusion de certains citadins des processus de décision et d’accès à la ville.
En conclusion, l’article souligne que le droit à la ville ne se limite pas à un aménagement institutionnel de l’espace, mais inclut la capacité pour chacun à y vivre, travailler et s’ancrer. Les pratiques des commerçants de rue révèlent des stratégies d’intégration, malgré leur caractère « illégal » selon les normes officielles. L’enjeu est alors de penser une ville inclusive, où les politiques urbaines prennent en compte les réalités sociales des plus vulnérables, plutôt que de les exclure au nom d’une modernité importée.
Conference Presentations by Salifou NDAM
L’étude a porté sur 50 cyclistes (24 % de femmes), répartis entre les secteurs de Nyamata (plus urbanisé) et Mayange (plus rural). Les données collectées via les GPS incluent la vitesse, la distance, la durée et l’altitude des trajets. Les informations ont été complétées par des enquêtes sur les activités quotidiennes, les revenus et la perception sociale du vélo. En tout, 2 050 trajets ont été enregistrés.
Les résultats montrent une faible disparité de genre en termes de performance physique : vitesse, distance et durée de trajet sont similaires pour les hommes et les femmes. Le genre ne semble donc pas influencer directement les performances cyclistes. En revanche, les activités quotidiennes sont très genrées : les femmes utilisent le vélo principalement pour des tâches domestiques, l’agriculture, les courses et le transport d’enfants, tandis que les hommes le mobilisent davantage pour le transport rémunéré (vélo-taxi).
Sur le plan socio-économique, les femmes propriétaires de vélos sont souvent issues de foyers à faibles revenus, vivant de l’agriculture ou de petites activités informelles. Le vélo devient pour elles un outil indispensable de survie économique et logistique. Cependant, des barrières culturelles et sociales persistent : stigmatisation du vélo comme moyen de transport des pauvres, représentations genrées du vélo comme outil masculin, manque d’infrastructures cyclables, et absence de couverture d’assurance en cas d’accident.
Les FGDs ont mis en lumière les principaux défis rencontrés par les femmes cyclistes : peur de la circulation, manque de formation, accès limité au financement, et impacts psychologiques (notamment liés au traumatisme post-génocide). À l’inverse, plusieurs leviers d’action ont été proposés : intégrer l’apprentissage du vélo à l’école, créer des pistes cyclables, réguler le transport à moto pour réduire les conflits d’usage, favoriser les vélos unisexes comme ceux promus par l’entreprise GuraRide, et encourager l’investissement dans des politiques cyclables inclusives.
En conclusion, cette étude démontre que les femmes rurales ne sont pas moins capables que les hommes de faire du vélo, mais qu’elles sont freinées par des obstacles structurels, culturels et économiques. Garantir l'accès équitable à la mobilité à vélo est essentiel pour lutter contre la pauvreté, améliorer la qualité de vie et renforcer l’autonomisation des femmes en milieu rural. L’étude appelle donc à une action politique concertée, fondée sur des données empiriques solides, pour promouvoir un système de transport rural juste et inclusif.