Contingency in Madagascar(French Version)

Ce papier fut écrit en août-septembre 1988 après un séjour à Madagascar en juillet-août 1988. Je le reproduis en l'état.

L’église catholique est un acteur majeur de la société civile malgache. Elle a également acquis ses lettres de noblesse dans la vie politique malgache, notamment à travers les écrits de la Conférence Episcopale de Madagascar (CEM) qui, en plus d’interpeller régulièrement les dirigeants sur leurs agissements, donnent des pistes éclairées pour solutionner les problèmes récurrents qui minent le pays. Dans le contexte de la sortie de crise de 2009-2013, il semblait intéressant d’analyser les positionnements et recommandations politiques de la CEM, en passant au crible les communiqués à caractère politique qu’elle a publiés entre 1889 et 2014. L’objectif de l’exercice est de révéler un point de vue alternatif sur les crises malgaches, autre que celui des analystes politiques et autres chercheurs conventionnels, mais aussi de valoriser les efforts de la société civile pour l’amélioration de la gouvernance et de la démocratie à Madagascar.

Entamer une étude sur la géopolitique de Madagascar implique d’analyser les décisions politiques et économiques prises en considération de la situation géographique du pays. Le choix a été délibérément fait de ne pas toucher au domaine stratégique – comprendre, militaire – étant donné que Madagascar n’est pas directement exposé à des menaces extérieures imminentes. De même, le cadrage temporel de l’étude a été limité aux dix dernières années car le présent document n’a pas pour ambition de réécrire l’histoire de Madagascar. Il aspire plutôt à apporter un éclairage sur la situation géopolitique actuelle et à essayer de déterminer la direction que le pays devrait idéalement prendre pour sortir du marasme qui le mine depuis trop d’années. Néanmoins, l’étude comporte d’inévitables références historiques qui expliquent les origines de la situation actuelle.

Tiers-Monde, 1995

Des événements remarquables ont bouleversé, au cours des années 1990-1993, la vie politique malgache. Ce qui frappait avant tout l'observateur, dans le Madagascar des années 1980, c'était, d'une part, la crise de l'Etat (dont l'ampleur, pour qui avait connu le Madagascar de la Ire République, était vraiment stupéfiante)1 et, d'autre part, une prodigieuse explosion des affirmations, des revendications identitaires. Il apparaissait alors que toute revendication prenait nécessairement la voie d'une revendication identitaire, le plus souvent par le biais du religieux ; à tout le moins, elle se parait d'une référence au sacré, elle se légitimait d'un recours au sacré. Or, les quelques mois qui ont suivi l'issue positive, pacifique et démocratique, de la crise politique -comme une éclaircie permet d'entrevoir qu'un autre paysage est possible -ont fait apparaître, me semble-t-il, que l'expression religieuse, assurément liée à la crise, à la crise économique et à la crise de l'Etat, cessait d'être pour autant l'expression quasi obligée du politique des temps de crise.

2008

Reussir le developpement durable, un defi majeur pour la communaute internationale, necessite un changement global de comportements. De nouvelles valeurs, autres que la paix et la liberte, meritent d’etre universellement respectees. L’Integrite morale se presente ainsi comme une des valeurs fondamentales a proteger pour garantir la durabilite du developpement. En ce sens, les bonnes institutions sont indiquees pour ce changement. Cependant, dans beaucoup de pays, surtout ceux en voie de developpement, elles sont perverties notamment par la corruption. La protection de l’Integrite a ete assuree des lors principalement par la repression penale des phenomenes de corruption, consideres comme des obstacles majeurs au developpement. Comme le cas etudie de Madagascar tend a la demontrer, la voie a dominante penale s’est averee impuissante a maitriser la corruption devenue au fil du temps systemique et generalisee. Cette deficience est consideree comme le resultat d’une insuffisante prise e...

1992

Cet ouvrage presente deux etudes sur la cafeiculture paysanne a Madagascar examinee dans le cadre regional de la cote Est, grand espace producteur de l'ile. Bientot un siecle de cafeiculture, des conditions favorables dans l'ensemble, des autorites motivees par une activite qui procure la majorite de ses ressources a l'exportation. Pourtant les surfaces et les tonnages stagnent et tout se passe comme si les paysans-planteurs n'accordaient au cafe qu'un minimum de temps et de soins. Dans la grande diversite des systemes de production qui combinent la riziculture (tavy de colline et riz inonde de bas-fonds), les cultures pluviales (manioc, taro, patate douce, mais, haricot) et les cultures commerciales (cafe, bananes, letchis, girofle, cannelle, poivre), le cafe est plus element d'une polyculture que la base de l'exploitation familiale. Les paysans-producteurs gardent les cafeiers en faisant evoluer les plantations vers des systemes agroforestiers. Le terme...

2018

1 Les MTN incluent l’ulcère de Buruli, la maladie de Chagas, la dengue et le chikungunya, la dracunculose (ver de Guinée), l’échinococcose, les trématodoses d’origine alimentaire, la trypanosomiase humaine africaine (maladie du sommeil), la leishmaniose , la lèpre (maladie de Hansen), la filariose lymphatique (éléphantiasis), le mycétome, les chromomycoses et autres mycoses profondes, l’onchocercose (cécité des rivières), la rage, la gale et autres ectoparasites, la schistosomiase (bilharziose), les géohelminthiases (ankylostome, ascaride et trichocéphale), les morsures la productivité économique d’un pays. Ce document fournit un aperçu du fardeau des MTN à Madagascar, et les opportunités d'intégrer des activités de prévention et de contrôle dans les projets actifs de la BM.

La ruée vers l’or rose

La valorisation de la crevette a entraîné, au niveau des communautés villageoises concernées, une réorientation des activités de production qui se traduit chez les populations locales par un désintérêt progressif pour les pratiques agricoles et un engagement croissant dans les activités de pêche. L'arrivée de migrants, en grande majorité issus également de milieux agricoles, accompagne cette tendance et va générer des réactions de la part des autochtones. Et l'on constate, selon les contextes et selon les époques, la mise en place de stratégies et de pratiques sociales dont nous venons de montrer, dans le chapitre précédent, qu'elles peuvent induire des remaniements profonds dans l'organisation de ces communautés villageoises. Il nous appartient à présent de « qualifier» ces phénomènes d'immigration. C'est-à-dire de définir leur ampleur et, au-delà, de les saisir dans leur dynamique et dans leur particularité. Pour ce faire, nous proposons, en première instance, de présenter ces phénomènes dans leur état actuel en les replaçant dans le contexte particulier des différentes régions de la c6te ouest Cette approche synchronique qui ouvre une perspective comparative, nous entraînera alors à reconsidérer les phénomènes migratoires, non plus dans le seul contexte de la région d'accueil des migrants, mais également dans celui de leur région d'origine. En restaurant ainsi les liens entre les foyers, d'origine et d'accueil, nous comprendrons que ces phénomènes débordent largement le contexte local et qu'ils sont le fruit d'articulations économiques et sociales entre des régions parfois fort distantes. Le recours à une étude de cas se révèle indispensable pour étayer cette analyse. Aussi, profiterons-nous de la valeur exemplaire du village d'Ankazomborona pour examiner dans le

HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2020

Eclatant après Sétif et Guelma (mai 1945), le retrait de Syrie (avril 1946) et le soulèvement d'Hanoï (décembre-janvier 1947), l'insurrection de 1947 à Madagascar qui incendie l'Est de l'île de mars 1947 à décembre 1948 apparaît jusqu'à aujourd'hui comme une des grandes dates de la décolonisation française. La répression de l'insurrection par l'administration coloniale emprunte à deux modes d'action : elle est policière et politique dans l'ensemble du pays, et militaire dans l'Est, théâtre d'une guérilla qui dure deux ans. Mais derrière l'archétype de la guerre d'indépendance se cache une crise protéiforme. Entre soulèvement nationaliste et guerre civile, l'insurrection et sa répression sont extrêmement complexes. L'historiographie peine jusqu'à ce jour à en cerner avec précision tous les enjeux internes [Rabearimanana, 2005]. La perception mémorielle des faits reste aussi marquée par le traumatisme d'un conflit entre malgaches [Cole, 2001].

Tiers Monde, 1995

Des événements remarquables ont bouleversé, au cours des années 1990-1993, la vie politique malgache. Ce qui frappait avant tout l'observateur, dans le Madagascar des années 1980, c'était, d'une part, la crise de l'Etat (dont l'ampleur, pour qui avait connu le Madagascar de la Ire République, était vraiment stupéfiante)1 et, d'autre part, une prodigieuse explosion des affirmations, des revendications identitaires. Il apparaissait alors que toute revendication prenait nécessairement la voie d'une revendication identitaire, le plus souvent par le biais du religieux ; à tout le moins, elle se parait d'une référence au sacré, elle se légitimait d'un recours au sacré. Or, les quelques mois qui ont suivi l'issue positive, pacifique et démocratique, de la crise politique -comme une éclaircie permet d'entrevoir qu'un autre paysage est possible -ont fait apparaître, me semble-t-il, que l'expression religieuse, assurément liée à la crise, à la crise économique et à la crise de l'Etat, cessait d'être pour autant l'expression quasi obligée du politique des temps de crise.