La télévision : un danger pour la démocratie
1996
Abstract
Karl Popper est un philosophe des sciences du vingtième siècle (Vienne 1902-Londres 1994) Austro-hongrois, Britannique Formation : université de Vienne, université de Cambridge École : philosophie analytique, libéralisme. Il a évolué entre la philosophie et la psychologie. Il fut aussi éducateur entre 1918 et 1937. John Condry, psychologue américain, a enseigné à Cornell University. Il était codirecteur du Centre de recherche sur les effets de la télévision.
References (7)
- Les spectacles violents affectent leur comportement mais aussi leurs croyances et leurs valeurs. L'éloge du présent. La télévision donne une image déformée du monde. Elle n'a qu'un seul objectif : faire vendre. Elle vit dans le présent. Elle est gouvernée par l'heure. Quel enseignement la télévision offre-t-elle ? Dans la lutte contre la drogue ? Elle révèle en réalité que les drogues sont légitimes, qu'elles font partie de notre culture à l'exception des drogues illégales.
- L'image que donne la télévision sur la sexualité est généralement fausse et déformée. Les valeurs prônées par la télévision : Prédominance, dans les publicités, des valeurs égoïstes et égocentriques sur les autres valeurs altruistes. Les programmes concernant la police et la justice entretiennent de fausses croyances. Ces programmes, par l'influence qu'ils exercent quotidiennement, ne peuvent manquer d'influencer les choix politiques des législateurs et le comportement de l'électorat. Les valeurs morales de la télévision sont véhiculées par les personnages. Les idées que la télévision propose sont fausses, irréalistes ; elles n'offrent aucun système cohérent de valeurs, son système de valeurs ne sert que la consommation. La télévision est un instrument de socialisation déplorable. Que faire ? Beaucoup de parents ne sont pas convaincus des méfaits de la télévision. -les parents pourraient limiter le temps que passent leurs enfants devant la télévision. -Parler avec les enfants des émissions regardées. -Subventionner les émissions pédagogiques de qualité. -Augmenter le nombre d'émissions utiles aux enfants. -L'école doit apprendre aux enfants à utiliser la télévision -L'école doit proposer aux enfants de discuter des émissions et des idées. -L'école doit mettre sur pied des programmes pédagogiques . Conclusion La plupart des enfants américains sont perturbés, et cela est dû en partie au fait qu'ils passent trop de temps à regarder la télévision. Ce qu'il faut aux enfants c'est davantage d'expériences et moins de télévision.
- Karl Popper s'inscrit dans cette démarche d'écriture en sociologue avisé du phénomène médiatique, en tant aussi que citoyen alerté par ses dérives et en penseur de la difficulté démocratique. Un processus de dé-civilisation.
- Popper a toujours appartenu à l'espèce des libéraux intransigeants. Il a acquis la conviction qu'une démocratie bien comprise n'avait pas à tolérer l'intolérance lorsque celle-ci était clairement identifiable.
- Nous sommes bel et bien en présence d'une barbarie moderne, d'un mouvement de dé-civilisation qui atteint les ressorts les plus intimes d'une société ouverte.
- L'étalage impudique du sang et de la haine affaiblit la résistance à la violence et érode peu à peu, dans l'esprit des individus, les défenses immunitaires que près de deux siècles d'esprit démocratique y avaient précieusement greffées.
- D'autre part, en devenant l'instance de socialisation principale sinon exclusive des jeunes enfants, elle détruit tout sens critique. Une société démocratique a aussi le devoir d'éduquer ses jeunes avec des idéaux de liberté, de responsabilité et de solidarité. Elle renonce à cette tâche décisive si elle accepte que les fonctions structurantes de socialisation soient désormais abandonnées aux aléa de l'audimat. Les ressources d'une société ouverte. Popper définit ainsi l'État de droit : « Celui-ci consiste avant tout à éliminer la violence...Mais lorsque nous acceptons que l'on réduise à néant l'aversion générale qu'inspire la violence, nous sabotons l'État de droit...Et du même coup nous sabotons notre civilisation», (in la leçon de ce siècle, Ed Anatolia, p71). Entre l'hypothèse obsolète d'un monopole étatique de la radio-télévision et le scénario actuel de la privatisation et de la concurrence sauvage, il y a peut-être la place pour une solution intermédiaire : la création d'un ordre corporatif délivrant des permis de téléviser et pouvant à tout moment retirer les licences accordées. Ni le tout État, ni le tout marché.