Books by Karin Schwerdtner

Le goût des lettres. Avec Arlette Farge, Annie Ernaux, Michèle Lesbre, Maryline Desbiolles, Lydia Flem, Leïla Sebbar, Hélène Gestern, Christine Montalbetti, Lydie Salvayre, Camille Laurens, Marie Nimier, Linda Lê, Laurence Tardieu, Colombe Schneck et Sylvie Le Bon de Beauvoir., 2023
À l’ère du numérique, le courrier se fait de plus en plus rare, mais le texte épistolaire séduit ... more À l’ère du numérique, le courrier se fait de plus en plus rare, mais le texte épistolaire séduit encore. Que peut un livre empruntant la forme d’une lettre, exploitant des correspondances originales ou interpellant ouvertement la lectrice, le lecteur ? En quoi le geste d’écrire des lettres peut-il convenir aux écrivaines et aux intellectuelles en France aujourd’hui ? Que signifie de destiner à autrui chaque mot qu’elles tracent ? À qui s’adressent-elles ? Comment, et à quelles fins, sont-elles amenées à s’exprimer ainsi, que ce soit de façon directe ou par un personnage fictif ? C’est pour répondre à ces quelques interrogations que Karin Schwerdtner s’est entretenue avec quinze femmes, écrivaines, chercheuses, intellectuelles, sur leurs projets, leurs initiatives, leur goût des (belles-)lettres.
Papier : ISBN 978-2-7606-4872-2
Pdf : ISBN 978-2-7606-4873-9
Epub : ISBN 978-2-7606-4874-6

La lettre trace du voyage à l'époque moderne et contemporaine, 2019
Comment rendre compte de l'effet « trace » de la lettre viatique – de cette trace qui, dans la co... more Comment rendre compte de l'effet « trace » de la lettre viatique – de cette trace qui, dans la correspondance, peut être lue comme « le voyage même »? L'ambition de cet ouvrage, qui s’inscrit dans la continuité de la collection « Chemins croisés » en ouvrant des perspectives nouvelles sur l’écriture de l’ailleurs, est d’examiner les rapports entre l’écriture épistolaire et le voyage à travers les nombreuses traces que laisse la lettre viatique dans la littérature anglophone et francophone de la fin du XVIIIème siècle à nos jours. Spécialistes de littérature française, francophone et anglophone croisent ainsi leurs champs disciplinaires pour se mettre à l’écoute des lettres, réelles ou fictives, qui inscrivent leur trace dans notre connaissance, scientifique ou littéraire, du monde. L’originalité de cet ouvrage réside également dans les lettres d’écrivains qui ont été spécialement écrites pour ce volume. En tissant écrits critiques et textes d’auteurs, ce livre propose de suivre les relations qui se nouent entre l’œil et le regard, ces deux modalités du voir qui entrent en jeu dans notre approche de l’espace géographique et littéraire. Ainsi l’œil du scientifique analyse la matérialité de la lettre, suit le tracé des échanges, fait entrer en résonnance la sphère intime et l’arène publique, prend le pouls du vivant pour mieux appréhender la matière. Simultanément, le regard des écrivains nous invite à percevoir le relief du monde, à écouter l’appel du poète qui esquisse, derrière les apparences sensibles, une présence qui approfondit l’espace et qui recrée ce qu’Yves Bonnefoy appelait « la terre humaine. » A la croisée des disciplines, des époques, des territoires et des langues, cet ouvrage s’adresse non seulement aux spécialistes de l’épistolaire et de l’écriture du voyage, mais également à tous ceux curieux de saisir dans le tracé des lettres « l’usage du monde ».
La lettre dangereuse parce que mal comprise, source de malentendu, reçue trop tard, ou lue par un... more La lettre dangereuse parce que mal comprise, source de malentendu, reçue trop tard, ou lue par une personne autre que le destinataire voulu, sinon parce que portant sur des thèmes « délicats » est, depuis au moins Les liaisons dangereuses de Laclos, un topos littéraire bien connu. De même, le rapport entre le risque et l'exercice même de l'écriture est lieu commun chez des philosophes comme Foucault (artières, 2011) ainsi que dans la critique de la correspondance, surtout celle des écrivains engagés politiquement, mais parfois aussi, celle des écrivains les plus réticents à faire par écrit des confidences intimes. plu sieurs ont effectivement fait remarquer le pouvoir dange reux de l'échange épistolaire ) et souligné les risques encourus par l'auteur qui accepte de correspondre par lettre et ainsi de

Le (beau) risque d’écrire. Entretiens littéraires. Avec: Annie Ernaux, Chantal Chawaf, Marie Nimier, Linda Lê, Camille Laurens, Cécile Oumhani, Leïla Sebbar, Laurence Nobécourt, Hélène Lenoir, Sylvie Germain, Agnès Desarthe, Maryline Desbiolles Extrait de l'Avant-propos:
En France aujourd’hui, on pourrait peut-être s’attendre à ce qu’écr... more Extrait de l'Avant-propos:
En France aujourd’hui, on pourrait peut-être s’attendre à ce qu’écrivains et intellectuels publics soient prêts à prendre certains risques, en écrivant, en publiant, en parlant de leur œuvre. Mais, pour les écrivain-e-s, quelles sont les figures ou thèmes qui donnent corps à l’idée du risque ? Comment envisagent-elles, pour leur part, les éventuels risques inhérents à leur démarche d’écriture ou à leur désir d’écrire ? À une époque où l’industrie du livre a peut-être particulièrement besoin d’appui financier, quels risques ou dangers ont-elles encourus pour certains projets, ou encore pour certaines activités liées, par exemple, à la promotion de leurs livres ? Commenter (expliquer, gloser) ses propres écrits, « parler » de ses préoccupations d’auteure, est-ce, pour elles, un acte « risqué » ?
Inspiré par les dits et les écrits récents de femmes suggérant une préoccupation avec le risque sous différentes formes, ce projet d’interviews, réalisé entre 2011 et 2015, a eu pour objectif d’amener différentes auteures établies à penser (plus en profondeur) le rapport entre le désir (la nécessité éprouvée d’écrire), le risque ou le danger, et l’écriture. Ce volume réunit donc, dans l’ordre de leur réalisation, les entretiens avec différentes auteures ayant accepté de « parler », dans la perspective du désir et du risque, de leur parcours d’écrivain-e, de leurs projets et initiatives et, parfois, de leurs inquiétudes pour l’avenir de la littérature. Au terme de ces échanges, nous avons bien compris les risques qui peuvent (ou qui auraient pu, dans le cas de risques esquivés ou désavoués) accompagner l’écriture et la publication, celles en particulier des femmes aujourd’hui.
Écrire implique peut-être toujours, essentiellement, une prise de risque. Mais y aurait-il aujour... more Écrire implique peut-être toujours, essentiellement, une prise de risque. Mais y aurait-il aujourd’hui quelque de chose de risqué à écrire et à publier, par exemple, conformément à son éthique d'écriture ou en fonction de certaines exigences littéraires, subjectives ou sociales ? À quels risques particuliers s’exposent aujourd’hui, en France, des auteures reconnues dont les écrits laissent deviner une préoccupation avec la question du risque ? Ont-elles eu le sentiment de courir un risque singulier pour certains projets de livres ? Quels peuvent être, pour ces auteures, les dangers et défis liés à l’exercice même de l’écriture ?
[Résumé: La femme errante occupe le devant de la scène de divers romans contemporains. Elle se pr... more [Résumé: La femme errante occupe le devant de la scène de divers romans contemporains. Elle se présente non seulement comme personnage qui traverse un espace quelconque, qui voyage vers un pays natal ou vers n’importe quel ailleurs concret ou abstrait, mais aussi comme personnage marqué de la condition même de l’errance. Cette façon d’être place l’errante à l’écart des traditions à la fois culturelles et littéraires d’errance masculine — et d’immobilisme et de conservatisme féminins. C’est par une analyse détaillée de quatre textes (Le vice-consul de Marguerite Duras, Voyages de l’autre côté de J.M.G. Le Clézio, L’astragale d’Albertine Sarrazin et Desirada de Maryse Condé) que l’auteure propose de cerner les formes et l’impact de ce qu’il convient d’appeler les errances au féminin.]
Journal issues edited by Karin Schwerdtner

Etudes françaises, 2019
Les lettres d’écrivains, de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours, constituent un li... more Les lettres d’écrivains, de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours, constituent un lieu de tension ou d’échange – elles forment l’espace d’une négociation « moderne » – entre privé et public. Tel est le postulat que nous explorons dans le dossier « Entre public et privé : lettres d’écrivains depuis le XIXe siècle » en nous penchant sur les lettres inédites échangées entre Georges Hérelle et ses amis, Romain Rolland et Louise Cruppi, ainsi que sur les correspondances publiées d’Émile Zola et d’Any Duperey et Nina Vidrovitch et, enfin, sur des « lettres » jamais envoyées, de réflexion ou d’hommage, signées par Pascale Roze et Linda Lê. Les écrits qui nous intéressent ici, dans la mesure où ils permettent à leurs auteurs de faire entendre leurs préoccupations à la fois intimes, sentimentales et sociales ou politiques, montrent qu’à l’époque moderne et contemporaine, la lettre d’écrivain, qu’elle soit publiée ou non, est un lieu d’exposition, souvent aussi de dissimulation, où l’auteur cherche à renégocier son identité et ses relations, son langage et sa position, dans le champ littéraire ou professionnel comme dans la vie affective.
Interférences littéraires, 2015
Ce numéro s’attache à explorer les divers risques qui marquent la réflexion métatextuelle des écr... more Ce numéro s’attache à explorer les divers risques qui marquent la réflexion métatextuelle des écrivains depuis la fin du XIXe siècle. L’objectif sera d’étudier le risque tel qu’il apparaît, mais aussi tel qu’il est traité à une époque qui a vu se développer l'intérêt pour les écrits intimes des écrivains en même temps que certains genres médiatiques comme l'entretien. Les articles de ce numéro examineront les dangers (de malentendu, de polémique ou de répétition, par exemple) encourus dans le fait même d’exploiter certaines formes particulières de discours métatexuels (comme la préface, l’entretien, la correspondance et le journal intime) et les stratégies mises en œuvre pour y répondre.
Les Cahiers du Grelcef (UWO), 2012

Mount Allison University hosted a SSHRC-funded 1 interdisciplinary bilingual conference on the th... more Mount Allison University hosted a SSHRC-funded 1 interdisciplinary bilingual conference on the theme of "Women in Motion." As conference organizers, we invited participants to examine the gendered nature of movement and the ways in which mobile women have figured in cultures and societies, past and present. The focus was placed on exceptions to feminine models of stasis as they counter conventions of masculine mobility through the centuries and in certain traditions -exceptions such as women travellers, explorers, pilgrims, exiles, migrants, pioneers, vagabonds, missionaries, and wanderers. We were particularly interested in the following issues and questions: how representations of mobile women differ from those of more sedentary women, or compare to those of mobile men, through time and across cultures; the connections between particular literary or cultural representations of mobile or immobile women and real barriers to women's mobility; and new literary and cultural traditions of representing mobile women in an age of increasing transnational migration.
Papers and Literary Interviews by Karin Schwerdtner

Épistolaire, no 49 (« Ces méchantes lettres »), 2023
En 2013, pour « L'été en séries : Scène de ménage... » dans Le Monde, Lydie Salvayre a écrit à M... more En 2013, pour « L'été en séries : Scène de ménage... » dans Le Monde, Lydie Salvayre a écrit à Miguel de Cervantès une lettre de reproches dans laquelle elle « fe[int] d'être révoltée par le sort qu'il [a] réservé au Quichotte, son anti-héros magnifique, son rêveur invétéré », son « personnage en colère ». Ensuite, en 2021, avec Rêver debout, Salvayre fait paraitre une série de quinze textes épistolaires dans lesquels, de nouveau, elle feint la fureur. Interpellant durement un Cervantès lointain dont elle déplore, lui dit-elle, l'« obstination à malmener votre hidalgo », l'auteure s'exprime avec une sévérité qu'on pourrait trouver peu adaptée au statut de l'illustre destinataire mais qui rentre parfaitement dans les registres polémique et satirique. Certes, l'auteure met le plus grand soin à s'adresser à Cervantès « avec ce qu'il faut de décence » (173), en le désignant par son nom complet, d'abord, puis par « Monsieur » et le pronom de politesse « vous ». C'est, même, avec une extrême déférence qu'elle lui donne son avis, utilisant des tournures telles que « Puis-je vous dire, Monsieur… » (27) ; « Je vous concède… » (41) ; « Si vous le permettez… » (139). Aussi son expression est-elle marquée par ce qu'en 1709, l'auteur du Traité sur la manière d'écrire des lettres appelait le cérémonial épistolaire pour désigner les « égards de civilité, d'honnêteté, de respect ». C'est tout de même sur le ton de l'admonestation que Salvayre commence la toute première lettre du recueil : « Monsieur, je vous le dis tout net, je ne suis pas d'humeur à rire, et les façons dont vous traitez votre Quichotte ne sont pas de mon goût » (9). Et elle poursuit sur le même ton : « [J]e ne peux m'empêcher de vous le répéter : cette violence que vous lui infligez n'est en rien amusante : elle est tout simplement odieuse, et me consterne au plus haut point » (40). S'adressant ainsi au célèbre inventeur de Don Quichotte, l'auteure lui dit et redit, avec insistance, son indignation, son énervement ou (pour reprendre en la modifiant la définition aristotélicienne de la colère) son « dédain notoire en ce qui [le] regarde » ; et ce, en raison des violences qu'il aurait soi-disant trouvé bon de faire subir à son personnage. Par leurs reproches et remontrances réitérés mais aussi, comme nous le verrons, par leurs questions insistantes, presque excessives, les lettres du recueil se présentent, dans ce cas, comme l'expression même de la méchanceté, plus précisément du courroux ressenti par Salvayre contre Cervantès. Du moins est-ce le cas de la plupart des lettres. Car dans sa treizième lettre, l'auteure fait observer à son destinataire : « ma colère et ma sévérité à votre endroit sont entièrement feintes » (173) ; puis : « comment pourrais-je avoir l'impertinence et le mauvais goût de vous chapitrer, vous qui, en abolissant d'un coup la vieille littérature par amour de la littérature, avez en quelque sorte inventé le roman » (174). Comme elle le déclare à Cervantès, et selon le modèle ancien mais toujours valable d'une lettre adressée par un écrivain « à un grand classique qu'il aime » (pensons à Pétrarque pour sa lettre à Homère), Salvayre est en réalité éblouie par son oeuvre. Elle est enchantée « au-delà du pensable par le soin malicieux que vous mettez à déguiser votre pensée et par les ruses que vous imaginez pour accroitre, en démultipliant les points de vue, les pouvoirs de votre fiction » (173). « J'ai en effet le sentiment », écrit-elle à Cervantès, « que vous lui faites endosser tout ce que vous ne pouvez formuler ouvertement ; et que vous l'amenez adroitement à dire à votre place vos quatre vérités » (95). Aussi l'auteure (lui) fait-elle noter que « cette hostilité que Don Quichotte manifeste à l'endroit du pouvoir [serait], incidemment, l[e] vôtr[e] » (95). En feignant la colère contre son destinataire, ou en le critiquant sur un ton d'indignation qui rappelle, par sa violence, celui adopté par
Cahiers Figura, 28, 2011
Schwerdtner, Karin. 2011. « De l'événement dans «Sable noir» de Chantal Chawaf ». Dans Poétiques ... more Schwerdtner, Karin. 2011. « De l'événement dans «Sable noir» de Chantal Chawaf ». Dans Poétiques et imaginaires de l'événement. Article d’un cahier Figura. En ligne sur le site de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain. D’abord paru dans (Xanthos, Nicolas et Anne Martine Parent (dir.). 2011. Montréal : Figura, Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire. coll. Figura, vol. 28, p. 195-205).
Contemporary French & Francophone Studies, 2022
Focusing on Christine Montalbetti’s most recent novel and drawing insight from a recent round-tab... more Focusing on Christine Montalbetti’s most recent novel and drawing insight from a recent round-table conversation with the author, this paper briefly considers the ways in which Ce que c’est qu’une existence (2021) takes into account or addresses pandemic-related restrictions and some of the uncertainties that shape individual and collective life. https://www.tandfonline.com/eprint/8B3TYPJE3FCNJ35PM2DX/full?target=10.1080/17409292.2022.2076415

La lettre trace du voyage à l’époque moderne et contemporaine, 2019
Prenant appui sur l’équivalence, théorisée par Jacques Derrida, entre la lettre ouverte et le tex... more Prenant appui sur l’équivalence, théorisée par Jacques Derrida, entre la lettre ouverte et le texte publié, cet article examine les traces laissées par Michèle Rakotoson, écrivain, journaliste et grande voyageuse d’origine malgache, dans son livre-objet aux allures de carte photographique, Tana la belle (2011). Il s’agit d’examiner tout d’abord comment, de par sa composition matérielle et graphique, Tana la belle se dispose à voyager et à la fois à faire voyager. Il est ensuite montré que, la trace, chez Rakotoson, est celle de son expérience de « voyage » propre, effacée, du moins en partie, au profit de celles de voyageurs et poètes précédents à Madagascar. La trace est aussi celle de son énonciation dans Tana la belle, énonciation dont elle gomme la plupart des marques, pour faire valoir ou rendre « vivants » les propos rapportés, entre autres, d’anciens conteurs itinérants.
Women in French Studies, special issue, « Les femmes et le voyage », 2018

Études françaises, 2019
In Lettre d’été (Paris, Albin Michel, 2000), Pascale Roze addresses Leo Tolstoy in the manner of ... more In Lettre d’été (Paris, Albin Michel, 2000), Pascale Roze addresses Leo Tolstoy in the manner of a “true secret,” thereby allowing her to “write about that experience” (of having had a brush with death) that otherwise would have remained secret, hidden, unexplained.Furthermore, haunted by questions about death that her correspondent is unable to answer, Roze examines both his image and the philosophy that the great writer was able to develop through the course of his published writings and private papers. On the one hand, this attempt at questioning leads her to establish certain “correspondences” or affinities between them, and, on the other hand, makes it possible for the difference of attitude to life and death to be felt, a difference that her great admiration for the Russian novelist might have caused her to suppress/overlook. As stated in our hypothesis, writing to Tolstoy, asking him her most intimate questions would be for the author of Lettre d’été, in relation to her correspondent, to incarnate the similar and the different all at once.
Dans Lettre d’été (Paris, Albin Michel, 2000), Pascale Roze s’adresse à Léon Tolstoï sur le ton d’une « vraie confidence », ce qui lui permet « d’écrire cette expérience-là » (avoir frôlé la mort) qui, sans l’écriture, serait restée secrète, cachée, inexpliquée. Par ailleurs, hantée par des questions sur la mort auxquels son destinataire ne peut répondre, l’auteure tente d’interroger à la fois l’image de lui-même et la philosophie que le grand écrivain a pu élaborer au fil de ses écrits publiés et papiers privés. Cette tentative d’interrogation l’amènera, d’une part, à établir entre eux certaines « correspondances » ou affinités et, d’autre part, à rendre sensible une différence importante d’attitude devant la vie et la mort, différence que sa très grande admiration pour le romancier russe aurait pu censurer. Selon notre hypothèse, pour l’auteure de Lettre d’été, s’adresser à Tolstoï, lui poser ses questions les plus intimes, reviendrait à incarner, par rapport à son destinataire, le semblable et le différent à la fois.

Épistolaire, 2018
This study focuses on issues of confidentiality and risk in Dominique Desanti’s correspondence, b... more This study focuses on issues of confidentiality and risk in Dominique Desanti’s correspondence, by letter and postcard, with Simone de Beauvoir. Based on the specific cases of correspondence from Desanti to Beauvoir documented here, it appears that open messages communicated on postcards served as precursors to later letters that, while certainly more confidential than postcards, were not without their risks for Desanti.
Ce travail examinera, dans la perspective de la confidentialité et du risque, l’usage que fait Dominique Desanti de la carte postale et de la lettre pour communiquer avec Simone de Beauvoir. Selon notre hypothèse, le message ouvert serait souvent le lieu d’un avis annonçant l’envoi d’une communication confidentielle, tandis que la lettre serait le substitut du coup de téléphone privé. La lettre serait alors, en quelque sorte, la transcription écrite d’une conversation qui n’aurait pas eu lieu. Or, cette transcription, destinée à être transmise par la poste, ne serait pas sans risque pour Desanti, comme nous le verrons dans un dernier temps.
Contemporary French and Francophone Studies, 22 : 5, 2018., 2018
Abstract
Focusing on Annie Ernaux’s Mémoire de fille, and drawing insight from both a recent int... more Abstract
Focusing on Annie Ernaux’s Mémoire de fille, and drawing insight from both a recent interview with the author and from historian Arlette’s Farge work on the use of archives, this paper considers briefly how Ernaux uses her archived letters to give voice to her “former self” and to a generation of girls whose public behaviour was inevitably subject to evaluation and judgment.
Full article : https://www.tandfonline.com/eprint/UC5X5IUU8ZQ8DZESYC4Z/full?target=10.1080/17409292.2018.1609184
Keywords
(Life) Writing, Archived Letters, Giving “Voice”

Women in French Studies, vol. 26, 2018
Jouant sur le double sens du mot correspondance, désignant autant l’association entre deux choses... more Jouant sur le double sens du mot correspondance, désignant autant l’association entre deux choses que la relation écrite entre « correspondants », et prenant appui sur un entretien d’auteure récent, la présente étude s’intéressera à la logique qui définit l’écriture dans le livre de Maryline Desbiolles intitulé Vous (2004). Dans un premier temps, nous verrons que, chez la narratrice de Vous, le pari d’écriture consistant à établir « des liens inouïs » lui permet de surmonter certains doutes liés à l’entreprise scripturale. Dans un deuxième temps, il s’agira de montrer que, par analogie à la lettre telle que théorisée par la critique – et dans la mesure où le sens d’un échange ne peut se produire qu’en commun –, Vous appelle à la coopération tacite du lecteur. Comme on a pu le montrer de la communication entre Diderot et ses lecteurs (les destinataires des lettres comme les lecteurs actuels de son œuvre), pour que l’écriture chez Desbiolles soit possible, il faut que le destinataire (et le critique avec lui) accepte de la suivre.
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Books by Karin Schwerdtner
Papier : ISBN 978-2-7606-4872-2
Pdf : ISBN 978-2-7606-4873-9
Epub : ISBN 978-2-7606-4874-6
En France aujourd’hui, on pourrait peut-être s’attendre à ce qu’écrivains et intellectuels publics soient prêts à prendre certains risques, en écrivant, en publiant, en parlant de leur œuvre. Mais, pour les écrivain-e-s, quelles sont les figures ou thèmes qui donnent corps à l’idée du risque ? Comment envisagent-elles, pour leur part, les éventuels risques inhérents à leur démarche d’écriture ou à leur désir d’écrire ? À une époque où l’industrie du livre a peut-être particulièrement besoin d’appui financier, quels risques ou dangers ont-elles encourus pour certains projets, ou encore pour certaines activités liées, par exemple, à la promotion de leurs livres ? Commenter (expliquer, gloser) ses propres écrits, « parler » de ses préoccupations d’auteure, est-ce, pour elles, un acte « risqué » ?
Inspiré par les dits et les écrits récents de femmes suggérant une préoccupation avec le risque sous différentes formes, ce projet d’interviews, réalisé entre 2011 et 2015, a eu pour objectif d’amener différentes auteures établies à penser (plus en profondeur) le rapport entre le désir (la nécessité éprouvée d’écrire), le risque ou le danger, et l’écriture. Ce volume réunit donc, dans l’ordre de leur réalisation, les entretiens avec différentes auteures ayant accepté de « parler », dans la perspective du désir et du risque, de leur parcours d’écrivain-e, de leurs projets et initiatives et, parfois, de leurs inquiétudes pour l’avenir de la littérature. Au terme de ces échanges, nous avons bien compris les risques qui peuvent (ou qui auraient pu, dans le cas de risques esquivés ou désavoués) accompagner l’écriture et la publication, celles en particulier des femmes aujourd’hui.
Journal issues edited by Karin Schwerdtner
Papers and Literary Interviews by Karin Schwerdtner
Dans Lettre d’été (Paris, Albin Michel, 2000), Pascale Roze s’adresse à Léon Tolstoï sur le ton d’une « vraie confidence », ce qui lui permet « d’écrire cette expérience-là » (avoir frôlé la mort) qui, sans l’écriture, serait restée secrète, cachée, inexpliquée. Par ailleurs, hantée par des questions sur la mort auxquels son destinataire ne peut répondre, l’auteure tente d’interroger à la fois l’image de lui-même et la philosophie que le grand écrivain a pu élaborer au fil de ses écrits publiés et papiers privés. Cette tentative d’interrogation l’amènera, d’une part, à établir entre eux certaines « correspondances » ou affinités et, d’autre part, à rendre sensible une différence importante d’attitude devant la vie et la mort, différence que sa très grande admiration pour le romancier russe aurait pu censurer. Selon notre hypothèse, pour l’auteure de Lettre d’été, s’adresser à Tolstoï, lui poser ses questions les plus intimes, reviendrait à incarner, par rapport à son destinataire, le semblable et le différent à la fois.
Ce travail examinera, dans la perspective de la confidentialité et du risque, l’usage que fait Dominique Desanti de la carte postale et de la lettre pour communiquer avec Simone de Beauvoir. Selon notre hypothèse, le message ouvert serait souvent le lieu d’un avis annonçant l’envoi d’une communication confidentielle, tandis que la lettre serait le substitut du coup de téléphone privé. La lettre serait alors, en quelque sorte, la transcription écrite d’une conversation qui n’aurait pas eu lieu. Or, cette transcription, destinée à être transmise par la poste, ne serait pas sans risque pour Desanti, comme nous le verrons dans un dernier temps.
Focusing on Annie Ernaux’s Mémoire de fille, and drawing insight from both a recent interview with the author and from historian Arlette’s Farge work on the use of archives, this paper considers briefly how Ernaux uses her archived letters to give voice to her “former self” and to a generation of girls whose public behaviour was inevitably subject to evaluation and judgment.
Full article : https://www.tandfonline.com/eprint/UC5X5IUU8ZQ8DZESYC4Z/full?target=10.1080/17409292.2018.1609184
Keywords
(Life) Writing, Archived Letters, Giving “Voice”