Dans la perspective de la Conférence Paris Climat, le Président français François Hollande et le ... more Dans la perspective de la Conférence Paris Climat, le Président français François Hollande et le Premier ministre de l’Inde Narendra Modi ont souhaité conjointement la réalisation d’un recueil de citations portant sur les relations hommes/environnement avec l’accent mis sur la question du changement climatique. Marqué par un souci de garantir à la fois la reconnaissance de l’universalité de la sensibilité écologique et le respect de la diversité des points de vue culturels sur le thème du climat et de l’environnement, ce recueil rassemble une centaine de citations dans leur langue originelle issues des 4 coins du monde. Il compile des pensées produites autant par des écrivains, des poètes, des artistes, des philosophes et quelques scientifiques, que par des corpus culturels sous la forme de proverbes, extraits de mythes ou de textes religieux. Chaque citation a pour vocation d’exprimer une pensée construite sur une expérience écologique, réelle ou fictive, d’un individu ou d’une population humaine. Mises bout à bout, les citations révèlent les différentes facettes de l’ingéniosité de l’homme dans son entreprise de gérer les défis posés par son rapport à l’environnement. Citations après citations, traversant les époques et les aires culturelles, de cette diversité de points de vue résonne jusqu’à nous un même son de cloche : l’absence de frontière rigide entre Culture et Nature, entre Humains et non Humains, dans la plupart des pensées produites par les cultures, y compris les cultures scientifiques contemporaines.
Au milieu des sables du désert et face aux vagues de l’océan,
plantée au bord de la route entre ... more Au milieu des sables du désert et face aux vagues de l’océan,
plantée au bord de la route entre Laâyoune et Dakhla, la ville
de Boujdour s’est développée un beau jour de la fin de l’année 1975. Au départ, un phare, figure de proue du Cabo bojador, incon- tournable défi pour la navigation médiévale en direction de l’Afrique centrale et australe puis des Indes.
Point cardinal des verbes créateurs des cultures sahariennes et portugaises, Bojador fut le théâtre de l’épanouissement conjugué de la poésie saharienne et portugaise. Nés de la bouche des nomades et des marins, le gaf hassani et le fado portugais résonnèrent ensemble, sans le savoir, de part et d’autre du cap des poètes. Muse des poètes, Bojador vit jaillir de ses vagues d’imagination des maîtres comme Camoes, Pessoa ou Nuno Júdice, côté portugais, et plus récemment, Ruijel ou Ould Mlihah, côté saharien.
Suite au départ des Espagnols fin 1975, se sont agrégés à l’amarre du phare des tentes, puis des habitations en dur, des commerces, un port, le tout organisé en places, en rues puis en avenues... La ville de Boujdour typifie l’ingéniosité sociale en cours au Sahara atlantique depuis quelques décennies. Seule une incursion au cœur de l’histoire et de l’organisation sociale des tribus sahariennes est à même d’expliquer la rapidité avec laquelle un esprit urbain saharien a pris corps à Boujdour, à partir d’un simple phare et d’un campement.
C'est l'arrivée, à la fin des années 1990, de nouveaux acteurs, prédicateurs pakistanais ou fonda... more C'est l'arrivée, à la fin des années 1990, de nouveaux acteurs, prédicateurs pakistanais ou fondations du Golfe, qui, non seulement déstabilise un fragile équilibre social, mais, aussi, provoque une véritable chasse aux manuscrits. Chasse qui pourrait paraître une tentative d'effacement des traces historiques - et des ressources - de ce que fut la haute civilisation saharienne. Ces mêmes récents prosélytes, de plus, fournissent le terreau idéologique nécessaire à l'apparition de groupes extrémistes. Ce qui fait dire à Romain Simenel que l'action militaire contre ces derniers groupes armés ne peut être, dans le meilleur des cas, que le traitement d'un symptôme, mais pas une solution à une crise bien plus menaçante, que signe et manifeste le destin des manuscrits du Sahara.
And what if the border was the center of the territory? And what if the origin was not a first ev... more And what if the border was the center of the territory? And what if the origin was not a first event but a repeated and thus upcoming event?
These are all issues brought up when a foreigner arrives at the border of a Berber tribe in southern Morocco, the Ait Baamran, largely composed of exiles from the four corners of the Maghreb and beyond. The foreigner—including the ethnologist—is being asked to inhabit the borderlands of the political territory to best embody the founding values based on the principle of conquest and not autochthony. When otherness challenges History, late-comers become first-comers and wandering people become the worthy descendants of the Prophet of Islam.
Only exile may give rise to a special way to inscribe into the land. In the arid area of southwestern Morocco where a last range of mountains borders the Sahara and argan trees offer their shade, Romain Simenel reconsiders in this volume some major paradigms of the Maghreb Anthropology in the light of an original ethnographic context.
How does tribal territory connect segmentarity and holiness today? What role rituals play in territory and body perception? In what ways does Arab marriage reverse the foundations of the Alliance theory? How does inheritance shape genealogy? Far from prejudices on how Muslim religion may influence the way the environment is addressed and enriched by a context where human beings feel stranger to other beings (plants, animals, genies) of these lands, Romain Simenel makes Morocco stand out among the discussions engaged by the anthropology of Nature. This book has also cast some light on a few major enigmas of Muslim social history such as the growing number of descendants of the Prophet Muhammad. Finally, the author opens up new anthropological perspectives on human cognition by considering the coexistence of a biological conception of language transmission and a horizontal learning of the Berber language by children-shepherds. Language, territory, the environment, kinship, the ritual and history are thus examined in the light of exile in the form of a narrative that commends human societies for their ability to be defined by the elsewhere.
Anthropologie et Sociétés, vol. 44, n°3, 149-170, 2020
Les enfants savent très bien reconnaître les plantes avec lesquelles ils peuvent acquérir certain... more Les enfants savent très bien reconnaître les plantes avec lesquelles ils peuvent acquérir certaines compétences culturelles et exercer certaines de leurs capacités mentales. Quelques- unes de ces plantes, comme le bouton-d’or ou la pâquerette, font l’objet de traditions enfantines qui se transmettent de génération en génération lors des « écoles buissonnières », ces moments où les enfants s’affairent à inventer, loin du regard des adultes, des activités pédagogiques et ludiques construites sur la base des relations qu’ils entretiennent avec les êtres de l’écosystème ambiant. Le gain intellectuel potentiel que les plantes peuvent apporter à l’esprit humain ne peut être compris sans prendre en compte le rôle de la plante et sa manière de se révéler aux enfants. Pour être choisie, la plante doit réunir un ensemble de formes particulières qui répondent aux attentes de l’esprit de l’enfant et présagent le développement de compétences particulières. De sorte qu’il est possible de s’interroger sur la nature du lien interactif entre l’intelligence de la plante et celle de l’enfant tissé lors de ces expériences sensibles, en prenant comme définition commune de l’intelligence la capacité à communiquer des formes. Pour entamer cette réflexion, cet article propose de focaliser l’attention sur les profils ethnographiques et botaniques de quelques-unes de ces plantes avec lesquelles les enfants apprennent à compter, à parler, à écrire, à aimer, à méditer... que cela soit dans les écoles buissonnières de la France, au Maroc, en Inde ou ailleurs.
Children are very good at recognizing plants with which they can learn certain cultural skills and exercise certain mental abilities. Some of these plants, such as the buttercup or daisy, are the subject of children’s traditions that are transmitted from generation to generation during forest schools, those moments when children let their imaginations run wild in contact with the beings of their environment. The intellectual potential that plants can bring to the human mind cannot be understood without taking into account the role that the plant plays in it and the way it reveals itself to children. In order to be chosen, the plant must combine a set of particular forms that meet the expectations of the child’s mind and which premeditate the development of particular skills. So it is possible to question the nature of the interactive link between the intelligence of the plant and that of the child developed during these sensitive experiences, taking as a common definition of intelligence, the ability to communicate forms. To inaugurate this discussion, this article proposes to focus attention on ethnographic profiles of some of the plants with which children learn to count, speak, write, love, meditate... whether in forest schools in France, Morocco, India and elsewhere.
Si le génocide amérindien est avéré, ses causes précises restent sujettes à discussion et le degr... more Si le génocide amérindien est avéré, ses causes précises restent sujettes à discussion et le degré de l’intentionnalité qui en est à l’origine aussi. Selon une vision commune partagée par de nombreux historiens et démographes, la très grande majorité des Amérindiens dis- parue lors des premiers siècles de la colonisation le fut sous l’effet d’un «choc viral», en raison de leur vulnérabilité à l’égard des pathogènes venus d’Europe ou d’Afrique. D’où nous vient donc cette idée sur la vulnérabilité des Amérindiens à l’égard des « maladies des blancs» et sur le «choc viral» et est-elle bien fondée? Cet article propose quelques pistes de recherche pour une archéologie de la représentation de la maladie comme raison prin- cipale de la disparition des Amérindiens. En ouverture du propos, une version caribéenne met d’abord à jour tout un autre pan de l’histoire, à savoir celui de la réaction des collectifs amérindiens de l’île de Curaçao face aux épidémies, en recourant aux plantes médicinales. Ce regard décalé nous invite à interroger de plus près la chronologie des épidémies telle que relatée dans les écrits et chroniques des premiers conquistadors pour ensuite poser la question de l’existence d’une pandémie à l’échelle continentale lors des premiers siècles de la colonisation. Parallèlement, l’article met en exergue l’impact du changement brutal de mode de vie, de l’esclavagisme, sans oublier la destruction des systèmes de santé via notamment la prohibition des plantes médicinales et les actes d’attaques biologiques, sur le développement des épidémies. L’article finit par proposer qu’après avoir servi à construire un discours politico-éthique sur la disparition des Amérindiens, ces arguments de vulnéra- bilité et de « choc viral », principaux supports d’une lecture de l’histoire de la disparition des Amérindiens selon l’angle de la maladie, ont nourri la cause eugéniste avant d’entrer dans le sens commun via un détournement des thèses malthusiennes et darwiniennes.
If the Amerindian genocide is proven, its precise causes remain subject to discussion, as does the degree of intentionality behind it. According to a common vision shared by many historians and demographers, the vast majority of Amerindians disappeared during the first centuries of colonization under the effect of a “viral clash”, because of their vulnerability to pathogens from Europe or Africa. So where does this idea about the vulnerability of Native Americans to “white people’s diseases” and “viral clash” come from, and is it well founded? This article proposes a few avenues of research for an archaeology of the representation of disease as the main reason for the disappearance of the Amerindians. In the opening of the subject, a Caribbean version first brings to light another side of the story, namely that of the reaction of the Amerindian collectives on the island of Curaçao to epidemics, using medicinal plants. This unconventional perspective invites us to take a closer look at the chronology of the epidemics as recounted in the writings and chronicles of the first conquistadors, and then to question the existence of a pandemic on a continental scale during the first centur- ies of colonization. At the same time, the article compares the impact of the brutal change in lifestyle, slavery, and the destruction of health systems, particularly through the prohibi- tion of medicinal plants and acts of biological attacks, on the development of epidemics. The article ends by proposing that after having served to construct a political-ethical dis- course on the disappearance of the Amerindians, these arguments of vulnerability and viral clash, the main supports for a reading of the history of the disappearance of the Amerindians according to the angle of the disease, nourished the eugenicist cause before entering into the common sense via a misinterpretation of the Malthusian and Darwinian theses.
Graham M. Jones, Magic’s Reason. An Anthropology of Analogy
L'Homme
Mais comment Graham Jones, anthropologue au Massachusetts Institute of Technology (Mit), a-t-il p... more Mais comment Graham Jones, anthropologue au Massachusetts Institute of Technology (Mit), a-t-il pu devenir, dans le milieu des illusionnistes parisiens, « Le Chinois » sur les traces du grand magicien francais du xixe siecle, Jean-Eugene Robert-Houdin ? Magic’s Reason commence par une serie d’anecdotes qui revelent peu a peu toute l’originalite et la complexite de l’enigme anthropologique et historique que l’auteur se met au defi de relever. Car personne, a part Graham Jones lui-meme, n’aurai...
Apicultures au XXIe siècle : écologie versus business ?, 2019
La scène se déroule à Montpellier lors du congrès international d’ethnobotanie en mai 2012. La ré... more La scène se déroule à Montpellier lors du congrès international d’ethnobotanie en mai 2012. La réunion était à l’initiative du projet Sentimiel dirigé par Edmond Dounias et Geneviève Michon et financé par la Fondation pour la recherche pour la biodiversité. L’objectif prin- cipal de ce projet était de valoriser l’activité des apiculteurs et cueilleurs de miel du monde entier comme une activité de sentinelle du monde apicole et de l’état de la biodiversité en contexte de changements glo- baux. La réunion était donc une première occasion de tisser un réseau de spécialistes des abeilles de part le monde avec pour ambition de créer un observatoire en ligne à même de recenser leurs observations en temps réel sur le comportement des abeilles. Une dizaine d’apiculteurs et de cueilleurs de miel de différentes régions du monde furent conviés à cette réunion.
Au seuil de la forêt. Hommage à Philippe Descola, 2020
Par deux fois, Philippe Descola m a étonné avec ce fameux poème sur la nature écrit par le poète ... more Par deux fois, Philippe Descola m a étonné avec ce fameux poème sur la nature écrit par le poète portugais Fernando Pessoa (1888-1935). La première fut lors de la lecture de Par-delà nature et culture qui m a fait découvrir l existence de l oeuvre de l homme aux masques. La seconde fut à l occasion de la réalisation de L Écologie des mondes, un corpus de citations pour la COP 21 de Paris introduit par Philippe Descola et Dipesh Chakrabarty. Ce poème en dit long à la fois sur la capacité de Pessoa à surpasser la frontière entre le réel et l imaginaire pour imposer sa propre perception sensible du monde et le réinventer et sur l importance accordée par Philippe Descola à cette sensibilité imaginative pour aller par-delà nature et culture.
Comment on Andrew Brandel's article : The Prosody of Social Ties
Poetry and Fleeting Moments in G... more Comment on Andrew Brandel's article : The Prosody of Social Ties Poetry and Fleeting Moments in Global Berlin
Quel est le point commun entre un chérif musulman (descendant du prophète Mohammed) de la confédé... more Quel est le point commun entre un chérif musulman (descendant du prophète Mohammed) de la confédération Aït Ba’amran des tribus du Sud-Ouest marocain et un Indigène animiste d’Amazonie brésilienne ? À la surprise de l’ethnologue, tous deux sont affiliés à une ascendance juive. Cette judaïté, conçue davantage comme une ori- gine que comme une pratique religieuse, participe à préciser le lien au sol des généra- tions actuelles. La mise en regard de deux cas ethnographiques permet une discussion plus large sur la multiplicité des origines en contexte migratoire dans le temps long. La judaïté des origines participe à asseoir pleinement l’inscription actuelle des popu- lations au sein d’un espace marqué par l’histoire de la construction des Etats empires portugais et espagnols.
What is the common point between a Muslim Sharif (a descendant of Prophet Mohammed) from the Ait Baamrane confederation of the tribes of southwestern Morocco, and an Indigenous person from the animist Amazon, in Brazil? To the eth- nologist’s surprise, both are affiliated to a Jewish ancestry. And this Judaism, con- ceived more as an origin than as a religious practice, helps to clarify the link to the land of the present generations. The comparison of these two ethnographic cases allows a wider discussion on the multiplicity of origins in a long-term migratory con- text. The Jewishness of the origins helps to fully establish the current inscription of the populations within a space marked by the history of Portuguese and Spanish colonization.
O que têm em comum um xerife muçulmano (descendente do profeta Mohammed) da confederação Ait Baamrane das tribos do sudoeste do Marrocos e um indíge- na animista da Amazônia brasileira? Para surpresa do etnólogo, ambos reclamam uma ascendência hebraica. Esse judaísmo, concebido mais como origem que como prática religiosa, ajuda esclarecer o vínculo com a terra das gerações pre- sentes. A comparação desses dois casos etnográficos proporciona uma discussão mais ampla sobre a multiplicidade de origens em um contexto migratório de longo prazo. A origem hebraica contribui então para legitimar a inscrição atual das popu- lações dentro de um espaço marcado pela história das colonizações portuguesa e espanhola.
Since 2013, a French-Moroccan team is surveying and recording the Azrou Klane site, in Assa regio... more Since 2013, a French-Moroccan team is surveying and recording the Azrou Klane site, in Assa region, valley of the low Draˆa. This fieldwork permits us to discover a new phase of engraving in this large slab, dated from ‘‘bovidian’’ period. In particular, in the low part of the slab, close to the wadi ridge and partially filled in by alluvial sediments, we found a bovidian scene very complex and with exceptional concentration of figures. This scene sill be analysed here, in its internal composition and in the perspective of its relations with others rock-art sites of the same region. This ‘‘rediscovery’’ of Azrou Klane site allows to take its importance into account and to consider this site like one of the highlights of Maroccan rock art.
Depuis 2013, des travaux de releve ́ et d’enregistrement syste ́ma- tiques sont mene ́s par une e ́quipe franco-marocaine sur le site d’Azrou Klane, dans la re ́ gion d’Assa, dans la valle ́ e du bas Draˆ a. Ces travaux ont permis de de ́ couvrir, sur cette dalle orne ́ e de milliers de figures, une phase de gravure attribuable a` la pe ́riode dite « bovidienne », passe ́e inaperc ̧ue jusqu’ici. En particulier dans la zone de la dalle la plus proche de l’oued et en partie recouverte par ses se ́ diments, on trouve une sce` ne bovidienne d’une rare complexite ́ et d’une exceptionnelle concentration en figures. Cette sce` ne fera ici l’objet d’une analyse et d’une mise en perspective par rapport aux autres sites connus dans la re ́gion. Cette « rede ́couverte » du site d’Azrou Klane permet d’en mesurer l’importance et de le placer parmi les sites majeurs pour l’art rupestre marocain.
nrhIn the perspective of questioning the links between cultural transmission and experience of na... more nrhIn the perspective of questioning the links between cultural transmission and experience of nature, this article proposes to analyze the impact of animal sound iconicity on the development of communicative ability of children and the elaboration of their first knowledge and representations of the world. In different contexts, one from ordinary life, the other from ritual, two cases, the one of Aït Ba'amran tribes in South Morocco and the one of Quechua populations of Peruvian Amazonia, show that the imitation of animal sounds can be used as a first framework for oral communication development between adults and babies and for the transmission of world compositions. The main advantage of comparing the Moroccan and the Amazonian examples is to clarify the mechanism that enable to the analogue experience of the interpretative herd's driving in one case and the animistic experience of hunting with lure in the other case, to resonate in the cultural learning of the child from a very young age.
Depuis la publication de l'ouvrage Par-delà nature et culture en 2005, plusieurs ethnographies on... more Depuis la publication de l'ouvrage Par-delà nature et culture en 2005, plusieurs ethnographies ont été produites dans différentes régions du monde qui ont suivi le mouvement impulsé par Philippe Descola. La plupart de ces ethnographies reprennent la classification établie dans l'ouvrage, de quatre grands modèles de composition du monde, à savoir le naturalisme, l'animisme, l'analogisme et le totémisme. En regard de ces avancées, Philippe Descola expose dans cet entretien vidéo les perspectives d'avenir de l'anthropologie de la nature en répondant à trois questions posées par Romain Simenel : Comment penser la dynamique et la co-existence des compositions des mondes ? Comment penser la continuité entre humains et non humains ? Comment penser la transmission culturelle en rapport avec l'expérience de la nature ?
Based on several ethnographic examples from southwestern Morocco, this paper aims at restoring th... more Based on several ethnographic examples from southwestern Morocco, this paper aims at restoring the role of children as significant contributors in the acquisition and learning of their bee keeping skills, particularly during the swarming season and during their relationship with solitary bees. We also aim at generating a better understanding of learning processes, which enable apiculture or bee keeping vocations. Processes draw upon cultural transmissions, which are largely based on the autonomous and ingenious experiences of children with the biodiversity that surrounds them. In order to follow the transmission and acquisition of beekeeping skills, this paper proposes to identify the cultural context in which children become aware of bees from an early age as well as places in which learning occurs during their different experiences with bees and beekeeping tasks. Finally, and most importantly, we seek to confront the awareness gained from adults’ world to that acquired during practices of self educational games by children with solitary bees leading to facilitate the understanding of the world of bees and beekeeping techniques.
De l’abeille solitaire à l’abeille sociale. Inventivité des enfants et apprentissage de l’apiculture (sud ouest du Maroc). À partir de plusieurs exemples ethnographiques du sud ouest marocain, le propos de cet article est de restituer la part de l’enfant dans son apprentissage de l’apiculture, notamment lors de l’étape de l’essaimage et dans la relation aux abeilles solitaires. Ceci permet de mieux comprendre comment la vocation d’apiculteur émerge d’une transmission culturelle qui s’appuie en grande partie sur l’expérience autonome et ingénieuse des enfants avec la biodiversité qui les entoure. Pour suivre le processus de transmission et d’apprentissage des savoirs apicoles, cet article propose d’analyser le contexte culturel de sensibilisation de l’enfant à l’abeille dès le plus jeune âge et d’identifier les lieux de l’apprentissage en fonction des différentes expériences avec l’abeille et des tâches apicoles. Enfin et surtout, nous chercherons à confronter cette sensibilisation par le monde des adultes aux apprentissages, liés à la pratique de jeux éducatifs propres à l’univers des enfants avec des abeilles solitaires, préparant à la compréhension du monde des abeilles et des techniques apicoles.
De la abeja solitaria a la abeja social. Inventiva de los niños y aprendizaje de la apicultura (suroeste de Marruecos). A partir de varios ejemplos etnográficos del suroeste marroquí, el propósito de este artículo es el de restituir el rol del niño en su aprendizaje de la apicultura, en particular a partir de la etapa de la enjambrazón y en la relación con las abejas solitarias. Esto permite comprender mejor cómo la vocación de apicultor emerge de una transmisión cultural que se apoya en gran medida sobre la experiencia autónoma e ingeniosa de los niños con la biodiversidad que los rodea. Para seguir el proceso de transmisión y de aprendizaje de los saberes apícolas, este artículo propone analizar el contexto cultural de sensibilización del niño con la abeja desde la edad más temprana, e identificar los lugares de aprendizaje en función de las diferentes experiencias con la abeja y las tareas apícolas. Por último, y sobre todo, intentaremos confrontar esta sensibilización a través del mundo de los adultos, con los aprendizajes ligados a la práctica de juegos educativos con las abejas solitarias, propios del universo de los niños, que preparan para la comprensión del mundo de las abejas y de las tareas apícolas.
L'Homme, 2017/1 (n° 221), p. 75-114. URL : https://www.cairn.info/revue-l-homme-2017-1-page-75.htm, 2017
The case study of the Aït Ba'amran tribes (southern Morocco) is characterized by the existence of... more The case study of the Aït Ba'amran tribes (southern Morocco) is characterized by the existence of a local theory that considers language as given because transmitted by breast milk. This theory induces into practice the use of baby talk inspired by animal calling used by shepherds to guide animals, and specific modes of communication for children who, in their verbal behavior, distinguished home, listening place where a child do not speak on his own initiative, and the forest, where, from four years old, they experiment gradually speech and poetry in their shepherds activity. The article seeks to show how the dissociation between competence and performance areas in the learning of the standard language helps children to coordinate a diverse set of cognitive and cultural capabilities during the exercise of analogical thinking.
Le cas d'étude des Aït Ba'amran du Sud marocain se caractérise par l'existence d'une théorie locale de la transmission du langage selon laquelle celui-ci est donné car véhiculé par le lait maternel. Cette théorie induit en pratique l'usage d'un parler bébé inspiré des huchements par lesquels les bergers parlent aux animaux, et des modes de communication propres aux enfants qui, dans leur comportement verbal, distinguent la maison, lieu d'écoute où l'on ne parle pas de sa propre initiative quand on est enfant, de la forêt, où, à partir de quatre ans, ils s'exercent peu à peu à la parole et à la poésie dans leur activité de bergers. L'article s'emploie notamment à démontrer comment la dissociation entre espace de compétence et espace de performance dans l'apprentissage de la langue standard permet aux enfants de coordonner un ensemble de capacités cognitives et culturelles variées dans le cadre de l'exercice de la pensée analogique.
Description du site Au sud-ouest du Maroc, entre Guelmim et la vallée du Drâa (fig. 1), la dalle ... more Description du site Au sud-ouest du Maroc, entre Guelmim et la vallée du Drâa (fig. 1), la dalle d'Azrou Klane est située au fond d'un oued asséché, du nom de Elmatboaa. Dans un relief structural, cet oued orthoclinal entaille un plissement probablement anticlinal et déroule son cours entre deux écailles de grès silicifié qui affleurent à cet endroit. Contituant l’extrados d’une de ces écailles, la dalle de grès brun mesure 140 m. de long sur 20 m. de large (fig. 2). Elle est couverte de plusieurs milliers de gravures de la préhistoire récente à nos jours (fig. 3). Et c’est là ce qui lui vaut son nom de « pierre tatouée » (Azrou Klane). La dalle étudiée est la principale concentration au sein d’une continuité de sites qui s’étend sur presque un kilomètre.
Description of the site In south-western Morocco, between Guelmim and the Draa valley (fig. 1), the Azrou Klane slab is located at the bottom of a dried oued, named Elmatboaa. In a structural relief, this orthoclinal wadi cuts a probably anticlinal fold and unfolds its course between two silicified sandstone scales that outcrop at this point. The brown sandstone slab is 140 m. long and 20 m. wide (Fig. 2), making up the top surface of one of these scales. It is covered with several thousand engravings from prehistoric times to the present day (fig. 3). And this is what gives it the name "tattooed stone" (Azrou Klane). The slab studied is the main concentration within a continuity of sites extending over almost one kilometer.
The interest of sites where rock art production has endured, sometimes until the present, is enab... more The interest of sites where rock art production has endured, sometimes until the present, is enabling identification of the processes of continuity, rupture and transformation regarding figurative graphic expression. Across all this historical deep time, there has always been a deliberate choice by the engravers to recut, avoid, efface, complete and re-interpret earlier engravings. Each new phase of expression marks a specific relationship with earlier ones. From an anthropological point of view, the scientific interest is in the analysis of the cognitive and cultural foundations of the historical long-wave graphic continuity and artistic reconstitution. The sectors where several ‘layers’ of images engraved at different periods are con- centrated and superimposed will be of particular interest. They enable the documenting of the evolution of artistic practices as well as the relations between the different periods of rock art expression. Above all, they help us with understanding the logic of composition and superposition over time: why will a child from a Sahwari tribe decide to take a Bronze Age dagger as a background on which to engrave a helicopter? Was the choice cultural and technical, with a classificatory motive, a figurative inspiration, an imaginative contagion, a conceptual mix, or again some intention with regard to the original author whose original design was ready to be completed by him? These are new anthropological questions which could enable a better understanding of the cognitive processes and cultural motivations called on in the association of graphic representations on the same rock wall and over variable time periods.
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Books by Romain Simenel
Marqué par un souci de garantir à la fois la reconnaissance de l’universalité de la sensibilité écologique et le respect de la diversité des points de vue culturels sur le thème du climat et de l’environnement, ce recueil rassemble une centaine de citations dans leur langue originelle issues des 4 coins du monde. Il compile des pensées produites autant par des écrivains, des poètes, des artistes, des philosophes et quelques scientifiques, que par des corpus culturels sous la forme de proverbes, extraits de mythes ou de textes religieux. Chaque citation a pour vocation d’exprimer une pensée construite sur une expérience écologique, réelle ou fictive, d’un individu ou d’une population humaine. Mises bout à bout, les citations révèlent les différentes facettes de l’ingéniosité de l’homme dans son entreprise de gérer les défis posés par son rapport à l’environnement. Citations après citations, traversant les époques et les aires culturelles, de cette diversité de points de vue résonne jusqu’à nous un même son de cloche : l’absence de frontière rigide entre Culture et Nature, entre Humains et non Humains, dans la plupart des pensées produites par les cultures, y compris les cultures scientifiques contemporaines.
plantée au bord de la route entre Laâyoune et Dakhla, la ville
de Boujdour s’est développée un beau jour de la fin de l’année 1975. Au départ, un phare, figure de proue du Cabo bojador, incon- tournable défi pour la navigation médiévale en direction de l’Afrique centrale et australe puis des Indes.
Point cardinal des verbes créateurs des cultures sahariennes et portugaises, Bojador fut le théâtre de l’épanouissement conjugué de la poésie saharienne et portugaise. Nés de la bouche des nomades et des marins, le gaf hassani et le fado portugais résonnèrent ensemble, sans le savoir, de part et d’autre du cap des poètes. Muse des poètes, Bojador vit jaillir de ses vagues d’imagination des maîtres comme Camoes, Pessoa ou Nuno Júdice, côté portugais, et plus récemment, Ruijel ou Ould Mlihah, côté saharien.
Suite au départ des Espagnols fin 1975, se sont agrégés à l’amarre du phare des tentes, puis des habitations en dur, des commerces, un port, le tout organisé en places, en rues puis en avenues... La ville de Boujdour typifie l’ingéniosité sociale en cours au Sahara atlantique depuis quelques décennies. Seule une incursion au cœur de l’histoire et de l’organisation sociale des tribus sahariennes est à même d’expliquer la rapidité avec laquelle un esprit urbain saharien a pris corps à Boujdour, à partir d’un simple phare et d’un campement.
These are all issues brought up when a foreigner arrives at the border of a Berber tribe in southern Morocco, the Ait Baamran, largely composed of exiles from the four corners of the Maghreb and beyond. The foreigner—including the ethnologist—is being asked to inhabit the borderlands of the political territory to best embody the founding values based on the principle of conquest and not autochthony. When otherness challenges History, late-comers become first-comers and wandering people become the worthy descendants of the Prophet of Islam.
Only exile may give rise to a special way to inscribe into the land. In the arid area of southwestern Morocco where a last range of mountains borders the Sahara and argan trees offer their shade, Romain Simenel reconsiders in this volume some major paradigms of the Maghreb Anthropology in the light of an original ethnographic context.
How does tribal territory connect segmentarity and holiness today? What role rituals play in territory and body perception? In what ways does Arab marriage reverse the foundations of the Alliance theory? How does inheritance shape genealogy? Far from prejudices on how Muslim religion may influence the way the environment is addressed and enriched by a context where human beings feel stranger to other beings (plants, animals, genies) of these lands, Romain Simenel makes Morocco stand out among the discussions engaged by the anthropology of Nature. This book has also cast some light on a few major enigmas of Muslim social history such as the growing number of descendants of the Prophet Muhammad. Finally, the author opens up new anthropological perspectives on human cognition by considering the coexistence of a biological conception of language transmission and a horizontal learning of the Berber language by children-shepherds. Language, territory, the environment, kinship, the ritual and history are thus examined in the light of exile in the form of a narrative that commends human societies for their ability to be defined by the elsewhere.
Papers by Romain Simenel
Children are very good at recognizing plants with which they can learn certain cultural skills and exercise certain mental abilities. Some of these plants, such as the buttercup or daisy, are the subject of children’s traditions that are transmitted from generation to generation during forest schools, those moments when children let their imaginations run wild in contact with the beings of their environment. The intellectual potential that plants can bring to the human mind cannot be understood without taking into account the role that the plant plays in it and the way it reveals itself to children. In order to be chosen, the plant must combine a set of particular forms that meet the expectations of the child’s mind and which premeditate the development of particular skills. So it is possible to question the nature of the interactive link between the intelligence of the plant and that of the child developed during these sensitive experiences, taking as a common definition of intelligence, the ability to communicate forms. To inaugurate this discussion, this article proposes to focus attention on ethnographic profiles of some of the plants with which children learn to count, speak, write, love, meditate... whether in forest schools in France, Morocco, India and elsewhere.
If the Amerindian genocide is proven, its precise causes remain subject to discussion, as does the degree of intentionality behind it. According to a common vision shared by many historians and demographers, the vast majority of Amerindians disappeared during the first centuries of colonization under the effect of a “viral clash”, because of their vulnerability to pathogens from Europe or Africa. So where does this idea about the vulnerability of Native Americans to “white people’s diseases” and “viral clash” come from, and is it well founded? This article proposes a few avenues of research for an archaeology of the representation of disease as the main reason for the disappearance of the Amerindians. In the opening of the subject, a Caribbean version first brings to light another side of the story, namely that of the reaction of the Amerindian collectives on the island of Curaçao to epidemics, using medicinal plants. This unconventional perspective invites us to take a closer look at the chronology of the epidemics as recounted in the writings and chronicles of the first conquistadors, and then to question the existence of a pandemic on a continental scale during the first centur- ies of colonization. At the same time, the article compares the impact of the brutal change in lifestyle, slavery, and the destruction of health systems, particularly through the prohibi- tion of medicinal plants and acts of biological attacks, on the development of epidemics. The article ends by proposing that after having served to construct a political-ethical dis- course on the disappearance of the Amerindians, these arguments of vulnerability and viral clash, the main supports for a reading of the history of the disappearance of the Amerindians according to the angle of the disease, nourished the eugenicist cause before entering into the common sense via a misinterpretation of the Malthusian and Darwinian theses.
Poetry and Fleeting Moments in Global Berlin
What is the common point between a Muslim Sharif (a descendant of Prophet Mohammed) from the Ait Baamrane confederation of the tribes of southwestern Morocco, and an Indigenous person from the animist Amazon, in Brazil? To the eth- nologist’s surprise, both are affiliated to a Jewish ancestry. And this Judaism, con- ceived more as an origin than as a religious practice, helps to clarify the link to the land of the present generations. The comparison of these two ethnographic cases allows a wider discussion on the multiplicity of origins in a long-term migratory con- text. The Jewishness of the origins helps to fully establish the current inscription of the populations within a space marked by the history of Portuguese and Spanish colonization.
O que têm em comum um xerife muçulmano (descendente do profeta Mohammed) da confederação Ait Baamrane das tribos do sudoeste do Marrocos e um indíge- na animista da Amazônia brasileira? Para surpresa do etnólogo, ambos reclamam uma ascendência hebraica. Esse judaísmo, concebido mais como origem que como prática religiosa, ajuda esclarecer o vínculo com a terra das gerações pre- sentes. A comparação desses dois casos etnográficos proporciona uma discussão mais ampla sobre a multiplicidade de origens em um contexto migratório de longo prazo. A origem hebraica contribui então para legitimar a inscrição atual das popu- lações dentro de um espaço marcado pela história das colonizações portuguesa e espanhola.
Depuis 2013, des travaux de releve ́ et d’enregistrement syste ́ma- tiques sont mene ́s par une e ́quipe franco-marocaine sur le site d’Azrou Klane, dans la re ́ gion d’Assa, dans la valle ́ e du bas Draˆ a. Ces travaux ont permis de de ́ couvrir, sur cette dalle orne ́ e de milliers de figures, une phase de gravure attribuable a` la pe ́riode dite « bovidienne », passe ́e inaperc ̧ue jusqu’ici. En particulier dans la zone de la dalle la plus proche de l’oued et en partie recouverte par ses se ́ diments, on trouve une sce` ne bovidienne d’une rare complexite ́ et d’une exceptionnelle concentration en figures. Cette sce` ne fera ici l’objet d’une analyse et d’une mise en perspective par rapport aux autres sites connus dans la re ́gion. Cette « rede ́couverte » du site d’Azrou Klane permet d’en mesurer l’importance et de le placer parmi les sites majeurs pour l’art rupestre marocain.
De l’abeille solitaire à l’abeille sociale. Inventivité des enfants et apprentissage de l’apiculture (sud ouest du Maroc). À partir de plusieurs exemples ethnographiques du sud ouest marocain, le propos de cet article est de restituer la part de l’enfant dans son apprentissage de l’apiculture, notamment lors de l’étape de l’essaimage et dans la relation aux abeilles solitaires. Ceci permet de mieux comprendre comment la vocation d’apiculteur émerge d’une transmission culturelle qui s’appuie en grande partie sur l’expérience autonome et ingénieuse des enfants avec la biodiversité qui les entoure. Pour suivre le processus de transmission et d’apprentissage des savoirs apicoles, cet article propose d’analyser le contexte culturel de sensibilisation de l’enfant à l’abeille dès le plus jeune âge et d’identifier les lieux de l’apprentissage en fonction des différentes expériences avec l’abeille et des tâches apicoles. Enfin et surtout, nous chercherons à confronter cette sensibilisation par le monde des adultes aux apprentissages, liés à la pratique de jeux éducatifs propres à l’univers des enfants avec des abeilles solitaires, préparant à la compréhension du monde des abeilles et des techniques apicoles.
De la abeja solitaria a la abeja social. Inventiva de los niños y aprendizaje de la apicultura (suroeste de Marruecos). A partir de varios ejemplos etnográficos del suroeste marroquí, el propósito de este artículo es el de restituir el rol del niño en su aprendizaje de la apicultura, en particular a partir de la etapa de la enjambrazón y en la relación con las abejas solitarias. Esto permite comprender mejor cómo la vocación de apicultor emerge de una transmisión cultural que se apoya en gran medida sobre la experiencia autónoma e ingeniosa de los niños con la biodiversidad que los rodea. Para seguir el proceso de transmisión y de aprendizaje de los saberes apícolas, este artículo propone analizar el contexto cultural de sensibilización del niño con la abeja desde la edad más temprana, e identificar los lugares de aprendizaje en función de las diferentes experiencias con la abeja y las tareas apícolas. Por último, y sobre todo, intentaremos confrontar esta sensibilización a través del mundo de los adultos, con los aprendizajes ligados a la práctica de juegos educativos con las abejas solitarias, propios del universo de los niños, que preparan para la comprensión del mundo de las abejas y de las tareas apícolas.
Le cas d'étude des Aït Ba'amran du Sud marocain se caractérise par l'existence d'une théorie locale de la transmission du langage selon laquelle celui-ci est donné car véhiculé par le lait maternel. Cette théorie induit en pratique l'usage d'un parler bébé inspiré des huchements par lesquels les bergers parlent aux animaux, et des modes de communication propres aux enfants qui, dans leur comportement verbal, distinguent la maison, lieu d'écoute où l'on ne parle pas de sa propre initiative quand on est enfant, de la forêt, où, à partir de quatre ans, ils s'exercent peu à peu à la parole et à la poésie dans leur activité de bergers. L'article s'emploie notamment à démontrer comment la dissociation entre espace de compétence et espace de performance dans l'apprentissage de la langue standard permet aux enfants de coordonner un ensemble de capacités cognitives et culturelles variées dans le cadre de l'exercice de la pensée analogique.
Description of the site In south-western Morocco, between Guelmim and the Draa valley (fig. 1), the Azrou Klane slab is located at the bottom of a dried oued, named Elmatboaa. In a structural relief, this orthoclinal wadi cuts a probably anticlinal fold and unfolds its course between two silicified sandstone scales that outcrop at this point. The brown sandstone slab is 140 m. long and 20 m. wide (Fig. 2), making up the top surface of one of these scales. It is covered with several thousand engravings from prehistoric times to the present day (fig. 3). And this is what gives it the name "tattooed stone" (Azrou Klane). The slab studied is the main concentration within a continuity of sites extending over almost one kilometer.