Tortonese_Remords_Zola_Dostoïevski_Introduction
2025, Paris, Hermann
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Abstract
À l’époque du darwinisme, de la sociologie naissante, de la neurologie psychiatrique et de la criminologie, le remords est au centre d’un renouveau romanesque et d’une controverse philosophique. Ce concept clé de la morale, vieux de plus de deux-mille ans (les Grecs païens s’en servaient bien avant le christianisme), jure avec l’eudémonisme moderne et semble apporter un démenti à Sade au profit d’un retour en force de la culpabilité. Mais ce ne sont pas toujours des spiritualistes qui le relancent : dans Thérèse Raquin, Zola remet au goût du jour une expérience douloureuse de la faute et tente de l’expliquer avec des arguments matérialistes. Puis il revient sur la psychopathologie du criminel dans La Bête humaine. Dans l’intervalle entre ces deux romans, Crime et châtiment est traduit en français et soulève une controverse philosophique dans lequel les chrétiens, les darwinistes, les kantiens et les schopenhaueriens se battent, chacun voulant démontrer que le roman de Dostoïevski leur donne raison. Ce livre est centré sur un moment précis du débat moderne autour du crime, mais il remonte, pour l’éclairer, à la tradition doctrinaire du remords chrétien, que les « nouveaux remords » antispiritualistes cherchent à remplacer. La longue durée de ce débat fait signe également vers les enjeux de la faute, de la responsabilité et de la réparation dans les sociétés d’aujourd’hui.
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Recherches et Travaux, 2012, n° 80 : La Chute de l’URSS – Une fin d’empire, Anne-Marie Monluçon, Anna Saignes, Agathe Salha (éd.), p. 33-48.
Kundera, excédé par les « retentissantes prises de position » de Soljenitsyne, dit n’avoir jamais ouvert aucun de ses livres. La comparaison de leurs deux premiers romans, Le Premier Cercle et La Plaisanterie, se justifie pourtant si l’on prend garde de ne pas en faire les produits instrumentalisés de considérations politiques qui leur sont extérieures, tant de la part de leurs auteurs que de leurs lecteurs. Car ces deux romans ont quelque chose de singulier à nous dire sur l’existence humaine en situation de « dévastation », c’est-à-dire telle que les conditions historiques créées par l’Empire soviétique ont pu la mettre en lumière (d’abord aux yeux de nos deux romanciers, puis par leur intermédiaire à nos yeux de lecteurs). Leur éclairage réciproque nous permettra de mieux définir ce savoir original et les deux conceptions du roman qui le portent.
Poétique, 2014
méprisons donc pas les petits signes : ils peuvent nous mettre sur la trace de choses plus importantes. » Freud, Introduction à la psychanalyse. Chantal Pierre-Gnassounou, dans son important livre sur Les Fortunes de la fiction, propose de dresser un « fictionnaire » zolien, dans lequel seraient classés tous ceux qui « sont employés à faire de la fiction », face aux « fonctionnaires de l'énonciation réaliste » (Philippe Hamon 1), occupés, eux, à constituer le « dictionnaire 2 » des Rougon-Macquart. La méfiance de l'écrivain à l'égard de la fiction-à laquelle il s'adonne souvent sans réserves dans les avant-textes comme pour défouler ce besoin de fictionnalisation-s'exprime ainsi dans toute une série de situations (situations de lecture ou de spectacles par exemple) comme dans l'évocation des bibliothèques et autres iconothèques des personnages. Le rôle des producteurs et des consommateurs de fictions en régime naturaliste, dont l'importance a été dégagée par Philippe Hamon dans Le Personnel du roman, est aujourd'hui bien connu. Le roman zolien ne cesserait donc de réfléchir à la fiction, pris entre la nécessité du drame et son oblitération. Dans le secret du laboratoire s'élaborent en effet un roman romanesque ou un mélodrame, qui disparaissent « silencieusement » de la narration finale 3-aboli bibelot d'inanité fictionnelle en somme. C'est sur un meurtre de la fiction que se construit la série zolienne, une série qui de surcroît fonctionne à l'économie, recycle, et, ne cessant d'accommoder les restes, aime à conserver des traces de ces fictions premières-et honteuses-en les confiant aux rêves de ses personnages ou aux lectures qu'ils accomplissent. Rien ne se perd en somme. Parallèlement à ces mouvements d'éviction et de recyclage, les récits enregistrent aussi la trace de microfictions, soit dans l'évocation du passé de personnages qui
Eurédit eBooks, 2008
Les manuscrits échangés entre Hélène Cixous et Jacques Derrida portent les traces de leur amitié, dont le dialogue traverse des décennies d’écriture littéraire et philosophique. Sur les manuscrits du Prénom de Dieu, de Voiles, et de « Circonfession » — qui ont circulé entre les deux auteurs – on peut lire les marginalia, la ponctuation élargie, et la mise en page reconstituée comme des points d’attache entre manuscrit, écrivain, et lecteur. Nous sommes amenés à considérer la surface de l’objet manuscrit comme un lieu de rencontres perpétuelles qui réactivent l’écriture en archive et au-delà — sujet qui regagne en urgence quant aux nouvelles technologies comme les logiciels de traitement de texte et les disques durs. Ces objets textuels servent aussi bien à lier les deux écrivains à la scène de l’écriture, le lecteur étant pris à témoin, qu’à renouer les attaches entre Cixous et Derrida, les solidifiant à travers l’écriture – même de manière posthume. Manuscripts exchanged between Hélène Cixous and Jacques Derrida — whose literary and philosophical work is studded with dialogue between the two — bear the traces of their decades-long friendship. In the markings and manipulation of manuscripts such as Le Prénom de Dieu, Voiles, and “Circonfession” (texts shared between the two writers) marginalia, outsize punctuation, and reconstituted mock-ups can be read as attachments between manuscript, writer, and reader. We are encouraged to consider the surface of the manuscript object as a place of continuing encounters that reactivate writing in the archive and beyond — even more urgent when faced with new media such as word processing software and hard drives. Not only do these textual objects link Derrida and Cixous to the scene of writing, which the reader is invited to witness ; they also link Cixous and Derrida to each other, strengthening their friendship through writing — even posthumously.
C'est un farceur, un coeur d'or, disent-ils à l'envi.
revue de critique et de théorie littéraire @nalyses, numéro « Quand les revenants hantent le texte… », sous la dir. de Geneviève Boucher, vol. 9, no 1, hiver 2014
Déjà, avant le grand cycle des Rougon-Macquart, Thérèse Raquin d'Émile Zola, publié en 1867, est un roman qui joue le seuil, où les identités sont poreuses et liminaires, et où la délimitation entre l'univers des vivants et celui des morts est perméable. Parce qu'il met en scène un revenant dont les fonctions premières sont de « cristallise[r] […] -tel est son destin!toutes les figures de la marge » (Albert, 1996) et de générer divers degrés de croyance, il amalgame des mondes symboliques antinomiques, mobilisant des cadres conceptuels composites permettant de penser le rapport problématique qu'entretiennent les vivants avec les trépassés. Hantés par le
Paru à Leningrad en 1928 sous le nom de Pavel Nikolaïevitch Medvedev (1891-1938, La Méthode formelle dans la science de la littérature. Introduction à une poétique sociologique est le chaînon qui manquait en français aux travaux dits du « Cercle de Bakhtine » dont Pavel Medvedev fut, aux côtés de Valentin Volochinov, l'un des membres les plus actifs. Voici la première traduction en français d'un texte capital pour l'histoire des idées. Elle ne vient pas seulement combler une lacune dans la réception francophone du « Cercle » mais permet aussi de comprendre la nature du formalisme et du matérialisme revendiqués par celui-ci. L'intérêt et l'actualité de La Méthode formelle résident également dans la place centrale occupée par la question du genre, « point de départ de toute poétique », selon Medvedev, mais aussi pomme de discorde avec les formalistes russes. Fiction s biographiqu es XIX e -XXI e siècles. Lise Dumasy, Chantal Massol, Marie-Rose Corredor ( éd.) La littératu re et le su blim e. Patrick Marot (éd.) Sten dhal, Balzac, Du m as. Lise Dumasy, Chantal Massol, Marie-Rose Corredor ( éd.) Un au tre m al du siècle. Chantal Bertrand-Jennings Écrivain s de la préhistoire. André Benhaïm et Michel Lantelme ( éd.) Léon Cladel. Pierre Glaudes, Marie-Catherine Huet-Brichard ( éd.) L'an aly se du discou rs : u n tou rn an t dan s les étu des littéraires ? Ruth Amossy, Dominique Maingueneau ( dir.) Phy siqu e de Colette. Jacques Dupont La fan taisie post-rom an tiqu e. Jean-Louis Cabanès, Jean-Pierre Saïdah (éd.) Silen ces de Sartre. Jean-François Louette L'essai : m étam orphoses d'u n gen re. Pierre Glaudes ( éd.) Notre-Dam e-des-Fleu rs ou la sy m phon ie carcérale. Pierre Laforgue La littératu re et le sida. Stéphane Spoiden Sten dhal, le tem ps et l'histoire. Yves Ansel La Représen tation dan s la littératu re et les arts ( An thologie) . Pierre Glaudes ( éd.) Mélodram es et rom an s n oirs ( 1750-1890) . Simone Bernard-Griffiths, Jean Sgard ( éd.) Mises en cadre dan s la littératu re et dan s les arts. Andrée Mansau ( éd.) La blessu re et le m al littéraire dan s l'oe u vre de Joë Bou squ et. Adrien Gür Girau dou x -Narcisse. André Job Peu ple, m y the et histoire. Simone Bernard-Griffiths, Alain Pessin ( éd.) Sten dhal su r la voie pu bliqu e. Alice Tibi Im pression s d'îles. Françoise Létoublon ( éd.) Michel Leiris, du alism e et totalité. Guy Poitry Villiers l'in qu iéteu r. Bertrand Vibert Jacqu es Maritain face à la m odern ité. Michel Bressolette, René Mougel ( éd.) Un e balade en galère avec Ju lien Gracq. Jean Bellemin-Noël Chateau brian d, le trem blem en t du tem ps. Jean-Claude Berchet, Philippe Berthier ( éd.) Georges Bern an os, tém oin . Pierrette Renard ( éd.)
Balzac contemporain, 2018
Balzac est redevenu une référence pour les écrivains, les artistes d’aujourd’hui, qui souvent le convoquent dans leur quête de filiation et d’identité littéraires. À travers divers exemples d’écrivains et cinéastes, français et étrangers, cet ouvrage collectif tente de cerner la figure du romancier, de son œuvre, qui se dégage de ces réceptions contemporaines, et s’interroge sur la manière dont cette figure hante la littérature et le cinéma de notre temps. Que retiennent, de l’auteur de La Comédie humaine, de son œuvre, les créateurs de notre époque ? Quel dialogue mènent-ils avec elle ? Qu’a-t-elle encore à leur dire ? De quel legs se sentent-ils, vis-à-vis d’elle, redevables, dans un contexte d’héritage souvent empêché du roman ? Ces pages sont l'introduction d'un volume collectif consacré à ces questions.

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