Sébastien Malaprade
Philippe Castejón
580 California St., Suite 400
San Francisco, CA, 94104
Introduction Arcana Imperii
2019
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Abstract
5. Le Diccionario de Autoridades (1737) définit ce terme comme un ancien « synonyme de secret ». La tombée en désuétude du mot, au début de l'époque moderne, est révélatrice des changements qui entourent les représentations du secret. La reconfiguration sémantique du secret opérée en espagnol entre le Moyen Âge et le début de l'époque moderne a été analysée par DELAGE, Agnès, « Les mots du secret » in
References (11)
- L'attrait des historiens pour la thématique du secret s'est principalement fondé sur l'étude politique du système monarchique. Avec des chronologies certes décalées, les historiens ont relevé une « complexification 26 » des institutions monarchiques pendant la période moderne. Au moyen d'analyses diachroniques, ils ont observé la progressive substitution d'une monarchie domestique par une monarchie bureaucratique 27 . Le discours sur les arcanes de l'État est bien connu. Ses mystères auraient favorisé l'émergence d'une raison d'État abstraite qui signait l'acte de décès d'une monarchie patrimoniale. Représentée sous les traits de Minerve sur le plafond de la galerie des Glaces, la Prudence s'adresse à Louis XIV. Face à elle, le roi agrippe le timon d'un gouvernement qu'il a choisi d'assumer seul depuis la mort de Mazarin : « Le roy gouverne par lui-même, 1661 », indique la légende. Le secret naît de cette conjoncture qui voit la figure du roi renforcée. Il devient d'ailleurs, sous la plume de certains spécialistes, consubstantiel au développement de l'État absolutiste 28 . Pourtant, depuis les années 1990, des historiens contestent le recours au concept d'État moderne pour caractériser les monarchies d'Ancien Régime. Les fondements de ce paradigme modernisateur ont été discutés et critiqués 29 . Il ne s'agit pas ici de raviver le feu d'un débat désormais éteint et qui n'eut, du reste, pas le même écho ni les mêmes implications des deux côtés des Pyrénées. Comme l'écrivait alors Robert Descimon, « l'État dit moderne apparaît toujours comme un mixte de formes prébureaucratiques et de formes traditionnelles liées à la nature dynastique du régime 30 ». Dans un article comparant le pouvoir absolu en France et en Espagne, Jean- Frédéric Schaub identifiait un « malaise à propos du regard porté sur l'absolu-
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- DESCIMON, Robert, « Les élites du pouvoir et le prince : l'État comme entreprise » in REINHARD, Wolfgang (dir.), Les élites du pouvoir et la construction de l'État en Europe, Paris, PUF, 1996, p. 139.
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- MUCHNIK, Natalia, « Pureté de sang et culture généalogique dans l'Espagne moderne » in ROUCHON, Olivier (dir.), L'opération généalogique. Culture et pratiques européennes, XV e -XVIII e siècles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, p. 191-211.
- SORIA MESA, Enrique, La nobleza en la España moderna, Cambio y continuidad, Madrid, Marcial Pons, 2007, p. 294-317.
- MUCHNIK, Natalia, « Du secret imposé », art. cité, p. 23-34.
- L'intervention qu'Enrique Soria Mesa présenta lors du colloque s'intitulait : « Secretos, mentiras y corrupción. Linajudos y limpieza de sangre en la España del Siglo de Oro ». Nous renvoyons à cet ar- ticle pour un état de la question : SORIA MESA, Enrique, « Los linajudos. Honor y conflicto social en la Granada del Siglo de Oro » in LOZANO NAVARRO, Julián José, CASTELLANO, Juan Luis, Violencia y conflic- tividad en en el universo barroco, Grenade, Comares, 2010, p. 401-427.